La protection des civils au cœur de la rencontre entre la MINUSCA et les Maires de Bangui

19 nov 2014

La protection des civils au cœur de la rencontre entre la MINUSCA et les Maires de Bangui

La Mairie de Bangui a servi de cadre, le mardi 18 novembre,  pour un moment d’échanges interactifs entre la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) et les Maires des  huit (8) arrondissements de Bangui.

Initiée par la Division des Affaires politiques de la MINUSCA, de concert avec la Mairie de Bangui, la rencontre a vu la présence de la Maire de Bangui, Mme Hyacinthe Wodobodé, accompagnée de ses collaborateurs et des maires des huit arrondissements de Bangui, en leur qualité de premiers représentants de l'Etat à la base.

Les Nations Unies y ont été représentées par le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général des Nations Unies en Centrafrique, Aurélien Agbénonci, par ailleurs Coordonnateur résident du système des Nations Unies et Représentant du Programme des Nations Unies pour le  développement (PNUD), de la Directrice des Affaires politiques de la MINUSCA, Mme Barrie Freeman, du Directeur de la Division des droits de l’homme de la MINUSCA et Représentant du Haut-Commissaire des Nations Unis aux droits de l’homme, Musa Gassama, et du chef des Operations de la Bangui Joint task Force  (Centre opérationnel conjoint de Bangui), le capitaine Paolo Bonanno, ainsi que des représentants de la Force de la MINUSCA et du Bureau de la Coordination des Affaires humanitaires (OCHA).

Entre autres objectifs de la rencontre, il s’est agi de recueillir les préoccupations des populations des différents arrondissements de Bangui par l’entremise de leurs représentants communaux, comme l’indique Mme Barrie Freeman, selon qui il s’agira ensuite d’identifier les voies et moyens pour y faire face, notamment dans un esprit de partenariat, tant il est vrai que venir à bout d’une crise aussi récurrente soigneusement entretenue par d’individus armés passe nécessairement par une étroite coopération entre la population et la Mission.

« Nous sommes très attentifs au problème de la sécurité, au retour des déplacés dans la dignité  et à la promotion et protection des droits de l’homme », a fait valoir Mme Wodobodé, selon qui les informations relatives aux violations des violations des droits de l’homme, y compris les viols des femmes, sont fréquentes. Aussi, soutient-elle, il est temps de dresser les statistiques des victimes car, à défaut, chacun avance n’importe quel chiffre, ce qui ne fait qu’envenimer les rancœurs et servir la cause de la vengeance.

« La situation est très pénible, à tel point que nous ne savons plus comment inciter nos administrés à la paix et à la réconciliation », déplore également la Maire de Bangui, qui rappelle que « les plaies sont loin d’être cicatrisées, au point que l’on craint désormais une  gangrène,  tant que le problème de sécurité ne sera pas réglé ».

D’autres préoccupations urgentes énumérées par les maires ont été relatives au récent soulèvement d’ex-seleka cantonnés aux camps Beal, un site qualifié de poudrière à cause des tonnes d’explosifs dont il regorge.

De la solidarité pour venir à bout du « mal »

La problématique de l’ordre public est très complexe, fait observer le capitaine Bonanno, surtout dans un environnement où des armes circulent, et sachant que 10 éléments armés suffisent pour déstabiliser tout un quartier. Pour sécuriser la capitale et ses environs, la Bangui Joint task Force mène, en permanence, des actions ciblées, telles des interpellations de criminels et de détenteurs illégaux d’armes, des interventions de secours et d’assistance aux populations, ainsi que des patrouilles et des surveillances. Des actions dont le résultat ne tardera guère à se faire sentir.

Mais pour cela, souligne le chef des Opérations de la Bangui Joint task Force, il importe d’éviter toute mauvaise interprétation des décisions et plans sécuritaires mis en œuvre par les casques bleus dans le cadre de leur mandat. Mais le capitaine Bonanno plaide surtout en faveur de la collaboration de la population, elle qui, mieux que quiconque, est à même de communiquer aux forces sécuritaires des informations concernant les criminels.

Le Représentant spécial adjoint se réjouit de l’initiative, et souligne que « ce moment d’échanges est très important pour nous, car lorsqu’il y des problèmes sécuritaires, il ne faut pas seulement écouter ceux qui causent le désordre ».  Mais plus encore, indique-il, les solutions au mal doivent tenir compte des expériences antérieures. Et le fait est que dans ce pays, à tout moment, des individus peuvent prendre des armes pour déstabiliser l’ordre établi. Car, faut-il le rappeler, à peine réhabilités, des commissariats de police, dont la vocation est justement d’assurer la sécurité et la protection des civils, sont saccagés et pillés. Aujourd’hui même, l’on apprend que des barricades érigées par des criminels sont piégée, avec des grenades.

Le Représentant spécial adjoint fait également valoir la nécessité d’aborder la problématique sécuritaire en l’inscrivant dans un cadre plus global car « la restauration de l’autorité de l’Etat à travers tout le pays mérite aussi toute notre attention. Et pour cela, il urge d’avoir une idée précise des bâtiments occupés groupes armés, tant il est vrai que cela empêche l'administration de faire son travail ».

 

Et en guise de message du Représentant spécial adjoint aux représentants des municipalités de Bangui, le défi est certes de taille, mais « nous n’avons nullement le droit de céder au pessimisme. C'est en ensemble et avec sérénité que nous allons y arriver ». Occasion pour lui  d’inviter les hommes et femmes des médias à diffuser davantage des messages d'apaisement, de paix et de réconciliation, car « les forces positives doivent travailler ensemble pour contrer les forces négatives».