Le chef de la MINUSCA à l’écoute des déplacés de PK5 et du site Saint Sauveur / Jean XXIII

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24 oct 2015

Le chef de la MINUSCA à l’écoute des déplacés de PK5 et du site Saint Sauveur / Jean XXIII

Le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies et Chef de la Mission multidimensionnelle intégrée pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), Parfait Onanga-Anyanga, a rencontré respectivement, le jeudi 22 octobre, les communautés musulmanes à la Mosquée de PK5, dans le 3e arrondissement de Bangui, et les déplacés du site Saint Sauveur /  Jean XXIII, dans le 2e arrondissement. Objectif : les écouter afin de mieux comprendre leurs préoccupations et leur vécu quotidien, mais également  leur réitérer la solidarité et le soutien de la MINUSCA. 

A la Mosquée de PK5, le chef de la MINUSCA a eu un échange avec de nombreux représentants de la communauté musulmane dont l’Imam Tidjani Moussa, le président de la Coordination des Organisations musulmanes de Centrafrique (COMUC), Azi Ousmane, le Conseiller du Conseil National de Transition (CNT), Moukadas Nour, le Secrétaire général des déplacés, Hassan Hamat, en présence de nombreux membres de ladite communauté, qui ont, l’un après l’autre, inscrit au nombre de leurs principales préoccupations  « la discrimination dont ils sont l’objet jusque dans l’administration, l’absence d’établissements scolaires, synonyme de la non scolarisation des enfants et des jeunes, les problèmes sécuritaires, sans oublier le manque de liberté de mouvementent auxquels ils sont soumis depuis plus de deux ans.

« Nous avons besoin de l’appui de la communauté internationale pour sortir de cette situation complexe », a plaidé le Coordonnateur du COMUC, qui a déploré que certains media contribuent, via la diffusion de message de haine et de stigmatisation, à aggraver la fracture sociale entre chrétiens et musulmans. En sa qualité de Secrétaire général des déplacés, Hassan Hamat a rappelé que ces derniers ont perdu tous leurs biens et vivent, depuis, dans un dénuement total sans espoir de pouvoir retourner dans leurs quartiers d’origine.

Sur le site Saint Sauveur /Jean XXIII, le Chef de la MINUSCA a été reçu par l’Abbé Fréderic Nakomba, en présence du Coordonnateur du site des déplacés dudit centre, Magloire Malissaba, et de travailleurs humanitaires, lesquels ont mis l’accent sur les problèmes d’insalubrité dus à la promiscuité dans laquelle vivent les quelques 4.500 déplacés, ainsi que l’insuffisance de l’aide alimentaire et d’abris, le manque de structures scolaires, sans oublier les problèmes sécuritaires, le centre étant exposé à de jeunes délinquants qui y introduisent des armes blanches. Il s’est aussi agi d’inscrire dans la gestion du site une stratégie de suivi et d’accompagnement des déplacés, au retour dans leurs habitations d’origine.

A PK5 comme à Sait Sauveur/Jean XXIII, le Représentant spécial a déploré les conditions dans lesquelles vit une frange de la population centrafricaine ; il a plaidé en faveur de la tolérance et de la cohésion sociale, et réitéré la solidarité et l’engagement de la MINUSCA à œuvrer davantage pour protéger les plus vulnérables.

«  Je suis dans ce pays depuis près de deux mois, et suis profondément bouleversé par ce que je lis, j’entends et apprends. Je ne comprends pas comment une telle fracture a pu se créer entre les fils et les filles d’un même pays ; que des problèmes identitaires puissent engendrerun tel fossé entre des communautés. J’ai beaucoup de peine à vous entendre, car rien ne justifie que des personnes puissent infliger de telles souffrances à leurs semblables », a déploré le Représentant spécial.Et pour cause, fait valoir le Chef de la MINUSCA, « ce qui nous rassemble au-delà de nos différences, c’est notre humanité car, tous, nous avons le même sort : une vie limitée et éphémère, personne n’étant éternel. Et lorsque je vous regarde, je vois des humains. Vous venez de nous donner une belle leçon d’humanité, et je vous demande pardon pour le drame que d’autres vous ont fait subir ».  

A ses interlocuteurs, le Chef de la MINUSCA a aussi souligné que « les problèmes que vous posez sont inscrits dans les droits de l’homme, des droits qui sont inaliénables ; et en tant que Nations Unies, nous ne pouvons guère admettre que de tels actes se perpétuent », avant de les encourager à ne pas baisser les bras. « Nous allons travailler ensemble pour venir à bout de ce drame. Je n’ai peut-être pas la solution aujourd’hui, mais sachez que votre combat est aussi le nôtre ». 

Un engagement à la hauteur des défis enregistrés, dont certains sont déjà traduits, par la MINUSCA,  soit en projets à impacts rapides, soit en Travaux à Haute Intensité de Main d’œuvre (THIMO) ou encore en initiatives de cohésion sociale… pour que chrétiens, musulmans, animistes ou autres puissent renouer avec la tolérance et la charité, uniques voies pour bâtir une Centrafrique réconciliée et prospère.