Le Forum National de Bangui a clôturé ses travaux

12 mai 2015

Le Forum National de Bangui a clôturé ses travaux

Ouvert le 4 mai au siège du Conseil National de la Transition, le Forum National de Bangui a vu la clôture de ses travaux, le 11 mai, par la lecture du rapport général issu des échanges en ateliers sur les quatre thématiques ci-après : « Paix et sécurité », « Justice et Réconciliation », « Gouvernance » et « Développement économique et social ».

De ces «débats riches et contradictoires » qui ont caractérisé les échanges, les vocables «dialogue», «paix », « justice », « réconciliation », « dédommagement » ont été, selon le Rapporteur général, Clément Anicet GUIYAMA-MASSOGO, les maitres-mots dans les différents débats du Forum. Et au nombre des recommandations figurent « le renforcement de la citoyenneté au niveau national, la mise en place des dispositions pour restaurer l’Etat de droit », lesquels se déclinent via l’égalité et la neutralité par rapport aux religions (laïcité de l’Etat), la protection de l’autorité territoriale, la souveraineté de l’Etat et la sauvegarde du patrimoine commun du peuple centrafricain, de même que le droit des minorités et l’égalité entre les hommes et les femmes...

Ont été aussi recommandées, la  « mise en place d’une commission vérité, justice, réconciliation et réparation, avec des comités locaux Paix et Réconciliation », de même que l’assistance humanitaire d’urgence pour les victimes. D’autres suggestions ont été relatives à l’accès gratuit à la justice pour les victimes ou encore à l’érection d’un monument en leur mémoire.

Pour favoriser le relèvement de l’économie centrafricaine,  des participants ont  proposé le développement des infrastructures de transport, la modernisation des techniques de production agricoles et une politique favorisant l’emploi pour tous, sans oublier les jeunes et les femmes, ainsi que le renforcement des secteurs public et privé. Ils ont par ailleurs insisté sur la nécessité de renforcer les mécanismes d’extraction des ressources minières et leur répartition équitable, ainsi que « la mise en place d’une loi nationale anti- corruption qui sanctionnerait très sévèrement les coupables ».

Autre recommandation, celle relative la tenue des élections, dont la période, selon les participants, devra être prorogée, notamment pour pallier le manque de financements. Occasion pour eux de plaider en faveur d’un appui financier plus accru de la communauté internationale pour permettre leur bon déroulement et ainsi permettre à la RCA de véritablement faire son entrée dans la vie démocratique. 

Fort de ces recommandations, le Rapporteur général  a fait valoir que le Forum de Bangui a été pour la République Centrafricaine une occasion pour définitivement rompre avec le cycle violences.

Dans son intervention, la Cheffe de l’Etat de Transition, Mme Catherine Samba-Panza, a promis : « Je m’emploierai à ce que les recommandations soient traduites dans les faits, en conformité avec les formes appropriées prévues par la loi ». Et de dire à l’égard des délégués au Forum : «vous avez une mission de sensibilisation auprès de nos compatriotes partout où ils se trouvent pour la réussite totale de ce Forum », car « chacun doit prendre sa part de responsabilité pour poser les socles solide d’une République nouvelle ». 

A ses compatriotes, la Cheffe de l’Etat de Transition a aussi demandé de ne pas oublier l’esprit du forum, car « cette fois-ci le changement est à notre portée de main. Nous saurons conduire le navire ‘Centrafrique’ à bon port sans chavirer ».  Et d’exprimer sa renaissance et celle du peuple centrafricain tout entier à tous ceux qui ont contribué à l’organisation du forum et à son bon déroulement, au nombre desquels le président Sassous Nguesso, au présidium et à son  président, Abdoulaye Bathily, aux différents comités et commissions, ainsi qu’aux partenaires internationaux, dont les Nations Unies.

« Le Forum de Bangui a relevé le défi de la participation (…) il a aussi relevé le défi de la substance », a souligné le Représentant spécial du Secrétaire général des nations unies et chef de la MINUSCA, le Général Babacar Gaye, selon qui « les débats ont, sans surprise, été parfois houleux, mais la qualité des productions des groupes thématiques témoigne du dépassement de tous les acteurs. Les pertinentes recommandations, qui prises ensemble dessinent les contours d’une nouvelle Centrafrique, tirent assurément leur force du consensus qui a présidé à leur adoption, mais surtout de l’engagement que tous les Centrafricains et les Centrafricaines ont pris devant la communauté internationale à les mettre en œuvre ». Et de plaider en faveur de la remobilisation de la communauté internationale autour de la Centrafrique « pour l’accompagner sur le chemin courageux et difficile qu’elle vient volontairement de choisir, le chemin de la Paix ».

Lors d’une conférence de presse tenue ce mardi 12 mai, le président du présidium, Abdoulaye Bathily, a souligné la nécessité de la mise en place d’un mécanisme pour le suivi des recommandations du forum. Réagissant par rapport aux troubles observés en marge de la cérémonie de clôture du forum dans certains quartiers de la capitale et qui se poursuivent, M. Bathily a dit comprendre les frustrations étant donné la profondeur de la crise, mais exhorte les Centrafricains à la retenue et à la patience quant à la mise en application des recommandations issues du forum.