Les contributions de la MINUSCA à la réhabilitation de la maison d’arrêt de Bouar

22 jan 2021

Les contributions de la MINUSCA à la réhabilitation de la maison d’arrêt de Bouar

Biliaminou Alao

La maison d’arrêt de Bouar (chef-lieu de la préfecture de Nana-Mambere, à environ 452 km au nord-ouest de Bangui) a été la cible d’une attaque, le 27 décembre 2020, par un mouvement de groupes armés. Cette attaque, en plus d’avoir provoqué l’évasion des 103 détenus, a causé des dégâts matériels à ladite maison d’arrêt. L’infrastructure était pourtant encore en travaux, après avoir été réhabilitée à plusieurs reprises par la MINUSCA.

L’attaque du 27 décembre 2020 a endommagé les entrées et autres issues de la maison d’arrêt. Construite depuis l’époque coloniale en 1948, la maison d’arrêt de Bouar est du ressort de la Cour d’appel de Bouar et se trouve au chef-lieu de la préfecture de Nana Mambéré. Cette maison d’arrêt reçoit les détenus en provenance de Bouar, Bocaranga et Bozoum.

La maison d’arrêt de Bouar est tombée en ruine après la crise centrafricaine de 2013. C’est ainsi que dans le cadre du programme de réhabilitation des maisons d’arrêt en Centrafrique et de rétablissement de l’autorité de l’Etat qui fait partie du mandat des Nations-Unies dans le pays, la MINUSCA avait financé, en 2015, la réhabilitation de la maison centrale. Les travaux de construction dont le coût total s'élève à 27 000 000 FCFA, ont été exécutés en 12 semaines par l’ONG internationale Émergence Développement et Aide (EDA). L’établissement a été réouvert le 26 juin 2015.

En 2018, pour améliorer les conditions de détention des détenus, la maison d’arrêt a bénéficié de plusieurs autres projets financés par la MINUSCA à hauteur de 135 169 956 FCFA. Ces projets consistaient principalement au renforcement de la sécurité de la maison d’arrêt par la construction d’un mur de clôture avec érection de deux miradors, la construction d’une cuisine avec installation de deux fours, à l’installation d’un château d’eau, de l’énergie solaire, à la construction deux cellules pour les détenus majeurs, de deux cellules d’isolement.

A cela s’ajoutent la construction d’un parloir, d’une infirmerie dont une salle d’observation, d’un quartier pour femme avec des toilette intégrées et d’un quartier pour mineurs dans le cadre de séparation des catégories et du respect des « règles de Mandela » qui stipulent, entre autres, qu’aucun détenu ne devrait être soumis ni à la torture ni à d'autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.

Cette réhabilitation conformément au standard international a, en outre, permis le renforcement de la sécurité passive de la maison d’arrêt, l’amélioration des conditions d’hébergement, de classification, de vie et de détention des détenus ; cela a également permis la réduction des évasions et la création et à la mise en application des ordres de poste.

Malheureusement, fait constater le responsable de l’ONG Forêt et développement durable (FDD), Igor ITAYA, en 2019, les bâtiments administratifs de la maison d’arrêt étaient délabrés tout comme les latrines des détenus dégageant des odeurs nauséabondes en raison des tuyaux de conduite bouchés, cassés et une fosse septique débordante.

Dans le cadre d’un projet à impact rapide, la MINUSCA a entrepris de financer, depuis 2020, la reconstruction du bâtiment administratif, comprenant 4 bureaux, une infirmerie et une salle de réunion et la réhabilitation des fosses septiques pour améliorer les conditions des détenus et permettre aux agents administratifs de travailler dans un environnement décent. Le tout s’élevant à 19 000 000 FCFA. Mis en œuvre par le partenaire national d’exécution l’ONG FDD, ce projet est déjà exécuté à 50% et les travaux contribuent positivement à améliorer les conditions de vie des 103 pensionnaires, hommes, femmes et enfants en conflits avec la loi, ainsi que des fonctionnaires administratifs de la Maison d’arrêt et des auxiliaires de la justice. L’initiative contribue, plus globalement, à la restauration et à l’extension de l’autorité de l’Etat dans la préfecture de la Nana-Mamberé.

 

Pour la Directrice de la maison centrale de Bouar, Natacha Clarisse Ndokoyanga, « la Minusca soutient beaucoup la maison d’arrêt de Bouar en raison de la détermination de son personnel et de la bonne collaboration avec l’Unité pénitentiaire de la MINUSCA à Bouar. Ce soutien a apporté des changements pour le personnel pénitentiaire et pour les détenus ». Elle indique aussi qu’«il y a beaucoup d’amélioration dans les conditions de travail. Auparavant, nous étions coincés dans un petit bureau, non loin des détenus, comme des détenus nous aussi. Cela ne répondait pas aux conditions de travail. Pour le moment, grâce à la MINUSCA, la directrice, le greffier et l’intendante ont des bureaux provisoires qui répondent aux normes. Même les militaires qui travaillent au poste de sécurité ont un bureau qui répond aux normes».

Mais ces projets ont un impact bien au-delà de la maison d’arrêt. L’adduction d’eau permet aussi d’alimenter la population riveraine de la maison d’arrêt en eau potable et réduit ainsi les longues distances parcourues pour s’approvisionner.

Pour le bien-être des détenus

Les détenus n’ont pas été en reste dans la remise en état de la maison d’arrêt. Selon la Directrice de la maison d’arrêt, ces améliorations ne concernent pas que les bâtiments et le personnel. « Les détenus aussi sont à l’aise. Les détenus sont plus épanouis qu’avant, car auparavant, nous avions des cas de malnutrition et des problèmes sanitaires. Actuellement ça va, car il y a moins de détenus malades; nous avons des dotations en médicaments et le docteur de garnison vient souvent consulter les malades », ajoute-t-elle. Ils participent désormais à des activités sportives et ludiques. De plus, dans le cadre de la préparation à la réinsertion sociale, un champ pénitentiaire et un jardin potager ont été créés et ont permis une meilleure appropriation des techniques culturales par les détenus qui ont également suivi un atelier de fabrication de briques cuites et de tissage de sacs.

Toutes ces initiatives sont salutaires, se réjouit Mme Ndokoyanga, tenant à rappeler aussi que « les détenus ont reçu des formations en jardin-potager et en plomberie et ont reçu des outils de travail. Ils fabriquent des bagues, des sacs à main; ils cultivent des fruits et légumes pour la consommation locale et la vente; aussi, les détenus formés sont souvent recrutés pour travailler sur les différents chantiers au sein de la maison d’arrêt (…) 60% des recettes vont aux détenus et 40% sont reversés à l’administration » a-t-elle souligné.