Ngrevaï : Quand un projet de réduction de la violence communautaire apaise les communautés

19 août 2021

Ngrevaï : Quand un projet de réduction de la violence communautaire apaise les communautés

Adeline Gouet

Le programme de réduction de la violence communautaire (CVR), est un outil très flexible qui permet d’intervenir rapidement en cas de conflit locaux pour offrir une alternative à la violence, améliorer la sécurité et créer un espace de dialogue entre des communautés en conflit. Ce qui peut souvent aboutir à des accords de paix ou de non-agression au niveau local et qui à leur tour sont soutenus par les activités CVR. C’est ce qui justifie la présence de la MINUSCA sur l’axe Ngrevaï-Kotamale depuis début juillet 2021.

Ville située à 32 Km au sud-est de la ville de Kaga-Bandoro dans le centre de la République Centrafricaine, Ngrevaï ainsi que plusieurs autres villages de l’axe Ngrevaï-Kotamale ont été le 17 mai 2021, le théâtre d’un conflit intercommunautaire occasionnant 14 morts, 3 blessées et de nombreux déplacés vers la ville de Kaga-Bandoro. Quelques temps après le début de la crise, MINUSCA DDR a lancé le projet CVR dans cette zone avec des sessions de sensibilisation en collaboration avec l’association des Tierce Partie Neutre (TPN) de Kaga Bandoro. C’est une association spécialisée en médiation et en résolution de conflit. Composés de dix (10) membres de la communauté dont quatre (4) femmes, ces agents de paix sillonnent à moto les 11 villages de l’axe pour sensibiliser les communautés sur la cohésion sociale et la coexistence pacifique, le danger de détenir une arme, la libre circulation des personnes, etc.

Pour Olga Leocadie Simandele, Tierce Partie Neutre, « les activités de sensibilisation qu’on mènent sur l’axe Ngrevaï, ont de l’impact. Nous avons sensibilisé les populations de Ngrevaï et les habitants des 10 autres villages en commençant de Boubou jusqu’à Wanga. Nous avons mobilisé les gens et leur avons parlé de paix, de réconciliation et de cohésion. Auparavant, les habitants de Kotamale ne pouvaient pas circuler sur l’axe Ngrevaï, parce que ceux de cette dernière localité disaient qu’ils étaient complices des incendies de leurs maisons et vice versa. Nous leur avons parlé et leur avons fait prendre conscience.  Entre eux même ils ont trouvé le pardon, la situation commence à s’améliorer et nous continuions toujours notre travail de sensibilisation ».

A côté des sessions de sensibilisation, ce projet CVR offre aux communautés des activités « cash for work »  qui en général  consistent en la réhabilitation, des maisons détruites, la construction d’aires de séchages et de marchés, par les bénéficiaires ainsi que la mise à disposition de tôles pour la réhabilitation des maisons, de semences pour la culture et du matériels pour les travaux champêtre. A la suite des séances de sensibilisations, les communautés ont de façon volontaire déposé 187 armes dont 1 arme de guerre ; ce qui contribuera inéluctablement à la réduction de la violence au sein de ces communautés.

Le chef du village de Ngrevaï, Mr Zoumbeti Lucien, a accueilli cette initiative avec enthousiasme. « Je remercie la MINUSCA pour son soutien, par rapport à cet évènement malheureux qui s’est produit dans notre village. Des hommes armés non identifiés sont venus incendier nos maisons, la Minusca est venue à notre chevet, en mettant en place un projet CVR et embauche des jeunes du village. Elle a également construit les aires de séchage de manioc aux femmes et nous remet des semences pour cultiver. La MINUSCA est en train de construire le marché dans Ngrevaï centre afin de permettre aux femmes de s’installer pour vendre leurs produits. Tout ceci nous redonne de l’espoir à la population » a-t-il affirmé.

La mise en œuvre du programme CVR se poursuit à travers les sessions de sensibilisation à la paix et à la cohésion sociale, les collectes d’armes remises volontairement, les formations professionnelles, et la réalisation de projets communautaires, avec des opportunités de travail contre rémunération à Kaga-Bandoro à Bangui, Bria, Bossangoa, Bouar et Bangassou. Pour l’année 2021, il a déjà enregistré 3872 bénéficiaires, dont 1551 femmes.

 

A4P