Plus d’une centaine de cas de violations des droits de l’homme documentés pendant les élections

21 jan 2021

Plus d’une centaine de cas de violations des droits de l’homme documentés pendant les élections

Ghislaine ATTA

La période électorale en République centrafricaine a vu se commettre de nombreux cas d’atteinte aux droits humains. En effet, au terme du scrutin présidentiel et législatif du 27 décembre dernier, ce sont plus d’une centaine de violations et abus des droits de l'homme et du droit international humanitaire qui ont été documentés par la Division des Droits de l’Homme (DDH) de la MINUSCA. Heureusement, cette dernière a mis en œuvre une stratégie visant à permettre au plus grand nombre de citoyens d’exercer leur droit civique avec quiétude. De la prévention au suivi, une série d’activités ont été menées, sans quoi, le nombre de ces incidents aurait pu être plus important.

En effet, tenant compte du contexte politique et sécuritaire préélectoral tendu, la DDH de la MINUSCA a, pour prévenir les violations et les abus des droits de l'homme, organisé des formations et de sensibilisation sur les droits de l’homme en période électorale. Ces activités ont été menées à l’intention des acteurs-clés de la promotion des droits de l’homme, en l’occurrence les institutions nationales des droits de l'homme, les forces armées centrafricaines (FACA), les forces de sécurité intérieure (FSI), des chefs de groupes armés ainsi que les médias et les organisations de la société civile.

« Afin de soutenir une approche basée sur les droits de l'homme dans leur travail sur les élections, 891 bénéficiaires dont 284 femmes ont bénéficié de 28 sessions de formation et 33 réunions sur les droits de l'homme et les élections. Il s’agit de membres des ONG des droits de l'homme, de la société civile et les journalistes de toute la RCA », précise Amadu Shour, Directeur par intérim de la Division Droits de l’Homme de la MINUSCA.

Acteurs importants dans le dispositif sécuritaire, les FACA et les FSI ont bénéficié de sensibilisations spécifiques sur la protection des droits de l'homme dans le contexte électoral. En compagnie des autorités locales de leurs provinces respectives, 421 militaires, policiers et gendarmes centrafricains, dont 17 femmes, ont reçu les outils nécessaires à une meilleure défense des droits des citoyens. 44 chefs de groupes armés ont, eux aussi été touchés par les sessions de prévention pour un climat électoral apaisé.

 

Dans un élan de prévention des violences pendant la période électorale, la MINUSCA et le Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme ont publié conjointement un rapport public sur la prévention des discours de haine et l'incitation à la violence en République centrafricaine le 11 décembre 2020, présenté par Yao Agbetse, Expert indépendant des Nations Unies sur la situation des droits de l'homme en RCA, et Solomon Ayele Dersso, Président de la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples (CADHP) et point focal de la Commission africaine pour la justice transitionnelle et la protection des droits de l'homme dans les situations de conflit. « Les tensions politiques, les manipulations, les fausses nouvelles et les discours de haine, y compris sur les réseaux sociaux, qui portent les germes de troubles et de violations des droits de l'homme, doivent être interdits », ont déclaré ces deux experts le 11 décembre 2020. Selon eux, le Haut conseil de la communication (HCC) et les autres institutions concernées en RCA doivent être dotés des moyens nécessaires pour surveiller les élections. En réponse à cette recommandation, la Division des droits de l’Homme de la MINUSCA a soutenu le HCC dans la mise en œuvre du Plan d'action national sur le discours de haine.

 

A l’endroit des population dans leur ensemble et des électeurs en particulier, ce sont plus d’une trentaine de sessions de sensibilisation qui ont été organisées, sur le thèmes spécifique du droit de vote et les autres droits de l'homme essentiels dans un processus électoral : « 1532 personnes dont 839 femmes ont ainsi été instruites à travers toute la RCA » indique la DDH de la MINUSCA.

 

La MINUSCA a aussi soutenu les activités de suivi des opérations électorales effectuées par les organisations de défense des droits de l'homme et de la société civile centrafricaines. « Cette initiative, qui impliquait le déploiement d'un plus grand nombre d’officiers des droits de l'homme dans les bureaux de terrain et la création d'une salle de situation des droits de l'homme, a renforcé la capacité de la Mission à surveiller efficacement les préoccupations en matière de droits de l'homme, de sécurité et de protection dans le contexte électoral », indique pour sa part Frédérique Mariat, officier des droits de l’Homme de la MINUSCA. 

Cette surveillance a, en effet, permis de documenter 133 violations et abus des droits de l'homme et du droit humanitaire international, y compris des abus contre les femmes et les enfants pendant toutes les phases des élections (inscription des électeurs, campagnes électorales, vote et période post-électorale à date, ndlr).

Les incidents relevés par les équipes de monitoring concernent principalement des cas d’atteinte au droit à la vie ; d’atteinte au droit à l’intégrité physique et mentale dont les mauvais traitements, les traitements cruels, inhumains et dégradants ; de menaces de mort et d’atteinte au droit à l’intégrité physique et mentale ; d’atteinte à la liberté de mouvement y compris des séquestrations et enlèvements ; d’attaques, occupations et de destruction de biens civils et privés ; de pillages et appropriations illégales de biens ; de menaces et d’entraves au déroulement pacifique des élections ; d’attaques et pillages des organisations humanitaires ; de menaces et attaques contre les casques bleus et le personnel des Nations Unies.

Ces violations ont été principalement perpétrées par des éléments armés de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC). Cependant, des violations et des abus ont également été perpétrés par des agents de l'État, notamment les FACA et les FSI.

« Les activités que nous avons menées ont concentré une grande partie de nos ressources, elles permettent d’illustrer notre implication dans la protection des droits de l'homme avant et pendant les élections », a conclu le chef de la Division des droits de l’Homme de la MINUSCA.

 

 

A4P