Pour une culture de la paix à travers les medias

23 oct 2015

Pour une culture de la paix à travers les medias

La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation de la République centrafricaine (MINUSCA) a organisé, de concert avec le Réseau des Journalistes pour la Paix en Centrafrique (RJP/RCA), une journée de réflexion au profit de  journalistes des médias publics et privés centrafricains autour du thème «Promouvoir la culture de la paix à travers les medias.» Cette activité qui s’est déroulée à la Maison de la presse et des journalistes, à Bangui, a eu pour objectif d’inviter les journalistes des médias publics et privés centrafricains à promouvoir la paix durable en République centrafricaine à travers la diffusion et la publication de l’information. 

A l’intention des 38 journalistes présents, différents thèmes ont été développés : la restauration de l’autorité de l’Etat par la réconciliation ; le rôle des médias dans le processus de paix et de réconciliation ;  la paix et la réconciliation nationale : perspectives et défis ;  la contribution des élections à la paix et la réconciliation.

Dans son mot d’ouverture de cet atelier, la directrice du bureau de la Communication et de l’Information publique de la MINUSCA, Myriam Dessables, a rappelé que « les médias ont un rôle considérable à jouer dans la résolution des crises répétées que connait la Centrafrique, surtout dans la cohabitation pacifique entre les communautés musulmane et chrétienne.» Pour accomplir cette mission d’éclairer, informer, sensibiliser et éduquer les auditeurs, lecteurs et téléspectateurs, a-t-elle expliqué, « il faudrait que vous respectiez non seulement l’éthique et la déontologie du métier, que vous fassiez preuve d’impartialité, mais aussi que vous soyez des artisans de la paix et de la non-violence. »

De son coté, Raphaël Kopessoua, membre du Conseil National de Transition (CNT), a présenté « le rôle des médias dans le processus de paix et de réconciliation » , noté que les violences ont pour corollaire la violation des droits de l’homme. Et « bien que les hommes sur le champ de bataille sont les premières victimes, les femmes deviennent veuves, les enfants orphelins et, dans certains cas, chefs de ménages. » Pour lui, les violences qui restent impunies se perpétuent et paralysent les institutions publiques. C’est ainsi qu’il a appelé les journalistes à être impartiaux et très prudents lorsqu’ils traitent des informations relatives à la guerre ou autres violences. « Les médias sont les gardiens, les arbitres dans la société. C’est pourquoi vous devrez être neutres dans la collecte, le traitement et la livraison de l’information. »

Le thème « la paix et la réconciliation nationale : perspectives et défis » a été présenté conjointement par l’Imam de Bangui, Oumar Kobine Layama et le pasteur protestant Augustin Agou. Ce dernier a insisté sur le leadership « qui a toujours manqué dans ce pays depuis l’indépendance. » Pour lui, le leader anticipe, voit l’image à l’avance, car « un leader sans vision est comme un bateau qui est sur la mer mais sans boussole. » Il a invité les leaders centrafricains à suivre les traces de Nelson Mandela dans son message d’espoir : « J’ai lutté contre la domination des Blancs et des Noirs. Je rêve d’une Afrique du Sud où Blancs et Noirs doivent vivre en symbiose. » Pour le Pasteur Agou,  musulmans et chrétiens centrafricains doivent impérativement vivre ensemble.
A son tour, l’Imam de Bangui, Oumar Kobine Layama a demandé aux journalistes d’être très prudents quand ils traitent des informations sur les assassinats : « Evitez de dire qu’un musulman ou un chrétien  a été tué. Dites qu’un Centrafricains a été tué. »  Il a demandé aux journalistes d’accompagner le gouvernement et la communauté internationale dans leurs actions de recherche du retour définitif à la paix en Centrafrique.

L’adjoint du Chef de Section des Affaires civiles de la MINUSCA, Guy Saizonou, qui a fait la présentation sous le thème « la restauration de l’autorité de l’Etat par la réconciliation » a expliqué les étapes qui doivent être suivies pour la réussite de ce processus. Il s’agit de la nomination des préfets et sous-préfets, la réhabilitation des infrastructures publiques, la restauration des services sociaux de base (écoles, structures sanitaires, etc.) et la capacité de protéger les populations. La dernière étape, a-t-il mentionné, c’est le dialogue inclusif. Il consiste à « écouter ceux qui se sont soulevés et ont pris des armes, afin que l’on puisse réparer les griefs s’il y en a, et supprimer les injustices pour une meilleure cohabitation sociale. » 

Le thème, « la contribution des élections à la paix et la réconciliation », a été présenté par le directeur de la Division électorale de la MINUSCA, Bouah Mathieu Bile. Il a invité les journalistes à ne pas semer le climat de peur et à suivre régulièrement la préparation des futures élections afin d’inciter les citoyens à aller voter en masse. Par conséquent, il les a invités à traiter l’information relative aux élections dans le respect du code de déontologie, d’éviter le sensationnalisme et la manipulation de l’information. 

Une question a été soulevée par un journaliste, relative à la possibilité de tenir des élections libres dans certains endroits comme Boye-Rabe et Pk 5 à Bangui et dans beaucoup d’endroits à l’intérieur du pays où des candidats ne peuvent pas aller battre campagne. Bouah Mathieu Bile a répondu que pendant la période électorale, des mesures spéciales de sécurisation seront prises et que les élections se dérouleront normalement sur l’ensemble du territoire national.

Forts des différents enseignements reçus et en sa qualité de Coordonnateur du Réseau des Journalistes pour la Paix en RCA (RJP/RCA), Gaël Ngouka Langndi a promis, au nom de ses confrères, d’ «imposer désormais la paix à travers la plume et le micro dans tout le pays. »