Au terme d’une visite de 10 jours en République centrafricaine (RCA), l’expert indépendant de l’ONU pour les Droits de l’Homme dans le pays, Yao Agbetse, recommande la mise en place d’un cadre pour décrisper la situation politique avant les élections locales. Il décrit par ailleurs une situation des droits de l’homme « inquiétante ».

 Crispin DEMBASSA-KETTE

 « Il m’a été utile d’attirer l’attention des autorités sur la nécessité, après le referendum constitutionnel, de proposer un dialogue politique inclusif qui permette à l’ensemble des acteurs y compris l’opposition notamment le Bloc républicain pour la défense de la constitution (BRDC) de pouvoir continuer l’animation de la vie politique dans le pays », a déclaré Yao Agbetse. Il s’exprimait lors d’une conférence de presse le 18 aout 2023, peu après avoir rencontré le président de la République.

Devant les journalistes, l’expert indépendant a évoqué les principaux points discutés lors de ses différentes rencontres avec les autorités centrafricaines, les acteurs de la société civile, les représentants des associations des victimes et des agences du système des Nations Unies, dont la MINUSCA.

Selon lui, outre le processus politique, les questions sécuritaires et humanitaires, la restauration de l’autorité de l’Etat, la lutte contre l’impunité et la justice transitionnelle ont été abordés avec ses interlocuteurs.

Par ailleurs, il a qualifié la situation des droits de l’homme d’ « inquiétante », déplorant une « intensité des violations par les quatre parties en conflit » et citant comme auteurs, les groupes armés, les Forces armées centrafricaines (FACA), les Forces bilatérales russes et les Casques bleus de la MINUSCA (pour des cas d’abus et d’exploitations sexuels).

Sur ce dernier point, il recommande des actions pour que ces actes ne se répètent plus afin que le principe de « Tolérance Zéro » soit effectif grace à des formations avant le déploiement, des formations continues et l’amélioration de conditions de vie des soldats sur le terrain. « Cela vaut aussi pour les FACA », a-t-il souligné.

 « C’est très important qu’on puisse évoluer progressivement de l’assistance humanitaire vers le développement », a déclaré l’expert indépendant au sortir de son entretien avec le président de la République. « Le chef de l’État est conscient que les Forces de défense et de sécurité sont auteurs de violations des droits de l’homme et m’a promis que des efforts soient engagés pour que cela soit corrigé notamment lorsqu’il s’agit d’engager des poursuites au niveau des tribunaux militaires », a-t-il encore ajouté.

Pendant ce cinquième séjour à Bangui, Yao Agbetse a également effectué une visite de terrain à Birao au nord du pays.