Rencontre MINUSCA - partis politiques autour des élections et de la sécurité

29 oct 2015

Rencontre MINUSCA - partis politiques autour des élections et de la sécurité

Dans le cadre des rencontres formelles qu’il organise régulièrement avec les représentants des partis politiques centrafricains, le leadership de la MINUSCA  a eu des échanges, ce jeudi 29 octobre au Quartier général de la MINUSCA à Bangui, avec des  leaders d’une trentaine de formations politiques autour de la situation sécuritaire  et le processus électoral.

Pour l’occasion, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies et Chef de la MINUSCA, Parfait Onanga-Anyanga, était entouré de son adjointe, Diane Corner, de la Directrice des Affaires politiques de la MINUSCA, Barrie Freeman, du Directeur de la Division des Affaires électorales, Mathieu Bile, du Chef d’état-major de la Force, le Général Jacques de Lapasse et d’un Consultant international en Affaires électorales, Charles Yaovi Djrekpo.

D’emblée, le Représentant spécial a  salué l’engouement des responsables politiques pour ces rencontres et a indiqué que cet intérêt témoigne  d’une « volonté qui est aux antipodes du comportement de ceux qui ont choisi la loi du canon… » Et de faire remarquer la restauration progressive de l’autorité de l’Etat à l’intérieur du pays en dépit de l’immensité de la tâche qui reste à accomplir pour que ce retour de l’état soit perceptible.

D’une manière générale, dira Parfait Onanga-Anyanga, « beaucoup de Centrafricains apprécient le travail des casques bleus de la MINUSCA qui apporte une certaine paix (…) même si les crises récurrentes à Bangui, en l’occurrence les évènements de la fin septembre et ceux de ces derniers jours, donnent le sentiment du contraire. »
Pour Parfait Onanga-Anyanga, la piste majeure d’un début de solution à ce qui semble bien s’apparenter à une quadrature du cercle, est l’organisation prompte des élections. Pour ce faire, il a exhorté les responsables politiques à prendre leurs responsabilités en encourageant leurs militants à prendre une part conséquente au processus électoral, à faire « le choix des urnes plutôt que celui des armes et à éviter de susciter des crises par l’entremise de leurs militants.»  Ce qui sera important au cours de ce processus, fait valoir M. Onanga-Anyanga, c’est votre voix ; faites en sorte qu’elle porte loin et qu’elle appelle au calme ! Profitez au besoin de la Radio de la MINUSCA pour faire passer vos messages de paix et de cohésion nationale de même que les enjeux en cours. C’est ainsi qu’il lancera en substance : « Il faut aller vite aux élections ! »

M. Onanga-Anyanga s’est par ailleurs expliqué eu égard aux  soupçons de partisannerie dont fait l’objet la MINUSCA, en rappelant la neutralité de la Mission par rapport à toutes les forces politiques. Il a indiqué que le soutien de la communauté internationale à la Transition est « un soutien à la légalité » ; une « légalité transitoire » voulue par les Centrafricains mais à laquelle il convient de mettre un terme par des élections libres, transparentes et crédibles, autant que faire se peut. Aussi, précisera-t-il : « ceux qui seront élus auront le soutien indéfectible de la MINUSCA ».

Les échanges ont porté sur les soucis sécuritaires des participants. Comment peut-on faire voter les électeurs dans un tel climat d’insécurité et avec autant d’armes en circulation ? Interrogation essentielle qui emmènera certains à formuler derechef la proposition d’un report des élections le temps d’une meilleure sécurisation. Argumentaire balayé d’un revers de main par le Représentant spécial qui demandera de dire le temps qu’il faut pour désarmer… Sept mois, huit mois, les délais fusent de plusieurs bouches, traduisant l’amateurisme et la superficialité. Et M. Onanga-Anyanga de dire : seul un gouvernement légitime pourra  se donner et trouver les moyens, avec le soutien de la communauté internationale, pour mettre fin à la possession anarchique d’armes à feu et désarmer et groupes et individus armés. Mais cela ne peut pas être un préalable à l’organisation des élections.

Auparavant, le Général Jacques de Lapasse aura fait le point de la situation sécuritaire dans le pays, revenant  sur les incidents de Bangui et indiquant la vigilance permanente dont cette zone est l’objet de la part de la Force en fonction des risques permanents  d’embrasement. Puis il soulignera la fragilité de la zone Ouest du pays qui demeure une zone de danger en l’occurrence pour les convois. Le Général révèlera l’existence d’un plan de sécurisation des élections qui part du sommet de l’Etat et qui se décline jusqu’aux sous-préfectures, à hauteur des bureaux de vote. 

En sa qualité de chef de la Division de l’Assistance électorale de la MINUSCA, Mathieu Bile parlera entre autres de l’élection d’un nouveau bureau à l’Autorité Nationale des Elections suite aux diverses démissions enregistrées. Il dira que les enregistrements d’électeurs, commencés le 29 juin, ont été clôturés et que les données de ces enregistrements sont en cours de traitement. Par ailleurs, dira-t-il, tout le matériel électoral a été réceptionné, ce qui veut  dire en clair que l’on peut aller aux élections des lors que la question du calendrier électoral sera réglée. Voilà qui renvoie à la « responsabilité politique des uns et des  autres » qu’il indiquera comme le « facteur clef du processus électoral ».  Occasion pour M. Bile de dire que le décret de convocation du corps électoral est pour bientôt.

Au terme de cette séance, il a été annoncé les journées des leaders politiques les 4 et 5 novembre prochains, qui consistera, entre autres, à peaufiner les projets de société ; l’élaboration et l’adoption prochaines d’un code de bonne conduite pour les partis politiques et les candidats ; le café des candidats entre les deux tours de l’élection présidentielle qui sera un creuset d’échanges fructueux sur les projets de société des deux candidats dans l’intérêt supérieur de la Centrafrique. Autant de dispositions qui s’inscrivent dans le Programme d’accompagnement des partis politiques qui figure au centre de la stratégie de la MINUSCA pour les prochaines élections.