"RESPECTER LA DIVERSITÉ ET LES POPULATIONS QUE VOUS VOULEZ SERVIR" (Colonel Tarek Bouteraa, chef de poste UNPol Bambari)

25 mai 2017

"RESPECTER LA DIVERSITÉ ET LES POPULATIONS QUE VOUS VOULEZ SERVIR" (Colonel Tarek Bouteraa, chef de poste UNPol Bambari)

Bambari (Centre, préfecture de la Ouaka) évoque, dans la mémoire collective, le tumulte régulier des groupes armés qui s’y affrontent. La population, souvent prise au piège de clashes de rivaux, n’a nul choix que de trouver refuge dans sites provisoires. Pour elles et pour le retour de l’autorité de l’État, la mission des Casques bleus revêt tout son sens. En sa qualité de chef de poste de la composante Police de la Mission (UNPol), le colonel Tarek Bouteraa, de la Tunisie, nous ouvre quelques pages de son expérience à Bambari.

Servant pour la première fois sous le drapeau onusien, le colonel Bouteraa a été déployé au sein de la MINUSCA depuis le 19 avril 2015, d’abord en qualité de chef de la Cellule des opérations.  Avant d’être affecté à Bambari le 2 février 2017. 

La journée du colonel Tarek Bouteraa commence alors que la plupart des chaumières de Bambari ne sont pas encore éveillées. Il faut rapidement partager avec le quartier général de la MINUSCA, à Bangui, le point de la situation sécuritaire de la nuit précédente. Avec celui des autres régions du pays, ce rapport est ensuite consolidé et rendu disponible au Commandement de la Police des Nations Unies (UNPol) de la Mission pour le premier briefing sécuritaire de la journée.

Sous son commandement, une équipe de six officiers UNPol, 140 éléments d’Unités de Police constituées (UPC), qui évoluent en étroite coordination avec les 100 membres des forces de sécurité intérieure (FSI) récemment déployés sur place. "C’est une large équipe, et la responsabilité est grande de sécuriser une ville stratégique comme Bambari", reconnait le Colonel Bouteraa.

Sur le terrain, lui et ses collègues UNPol s’investissent, au quotidien, à mener des patrouilles conjointes de sécurisation à haute visibilité, mécanisées et pédestres. Également, assurer une présence robuste dans les endroits sensibles, tels que les huit camps de déplacés internes qui, au fil des crises, ont envahi le décor de Bambari. Le chef de poste et ses hommes s’occupent, en outre, de fournir l’assistance technique aux FSI et contribuer à renforcer leurs capacités, tout en travaillant avec eux en colocation, notamment dans les opérations de protection des civils. De plus, les UNPol surveillent et assistent les officiers de police judiciaire dans les enquêtes et assurent le suivi des projets à impact rapide de la MINUSCA, qui visent dans leur domaine d’intervention, à la réhabilitation et l’équipement des locaux de police.

"Toutes ces activités ont un impact immédiat sur le quotidien des populations, fait valoir le colonel. Et aujourd’hui plus qu’hier, notre présence ainsi que celle des FSI en a rassuré plus d’un. En atteste la réouverture, depuis le 15 mai dernier, le marché central de Bambari qui était resté fermé pendant trois ans en raison de l’insécurité et de la présence des groupes armés dans la ville."

L’expérience du commandement, le Colonel Bouteraa l’a initialement acquise de son parcours au sein de l’armée dans son pays, la Tunisie. "J’ai voulu ensuite entamer une nouvelle expérience à l’échelle internationale, motivé par le désir de partager mon acquis  en matière de  maintien de l’ordre public, y compris dans des moments cruciaux de mon pays tels que lors de la révolution de 2011 en Tunisie", relate-t-il.

Le Colonel Bouteraa admet volontiers que travailler dans un environnement difficile n’est chose aisée pour personne. Et pour garder la forme, lui et ses équipes s’aménagent des temps d’activités sportives. "Je pratique régulièrement le footing et le football  avec les collègues du camp MINUSCA", informe-t-il.

Mais qu’en est-il de ce qui fait aujourd’hui la fierté du colonel ? "Les pessimistes prédisaient que Bambari verserait dans le chaos suite au retrait des groupes armés, mais nous avons réussi à stabiliser la situation. C’est est l’une mes plus grandes satisfactions même si la situation reste un défi permanent", dit-il.

Un défi que le chef de poste UNPol de Bambari est heureux de relever sous les auspices des Nations Unies, et pour lequel il convient de "respecter la diversité ainsi que les populations que vous êtes venus servir". Pour joindre l’acte à la parole, le Colonel Bouteraa s’est donné pour mission de mieux communiquer avec les habitants de Bambari.  « Je me suis mis, depuis trois mois, dans l’apprentissage de la langue Sango. Cela m’aide beaucoup dans mes contacts quotidiens avec les gens, ici ».