Sécuriser les institutions centrafricaines

29 juil 2016

Sécuriser les institutions centrafricaines

Sous le soleil ardent de ce mois de juillet, Pascaline Gaombalet s’avance promptement vers le Palais de la Renaissance, dans le 1er arrondissement de Bangui. « Je suis vraiment en retard à mon rendez-vous», dit-elle à l’un des Casques bleus de la MINUSCA en poste à l’entrée du Palais. « C’est obligatoire, madame », répond ce dernier avant de procéder au contrôle de l’identité de la visiteuse et la fouille de son sac. Puis s’approche une femme soldat munie d’un détecteur de métaux pour la fouille corporelle. « C’est frustrant mais nécessaire avec toutes les armes qui circulent en ce moment dans la ville. Ce sérieux dans le travail me rassure », reconnait Pascaline.

A la télévision nationale, sur l’avenue des Martyrs, toujours dans le 1er arrondissement,  la rigueur de contrôle sécuritaire est la même. « Je suis venu pour participer à une émission », dit Patrice Koba, selon qui « la présence des Casques bleus à l’entrée du bâtiment rassure en même temps qu’elle dissuade ceux qui ont des idées malveillantes ».

L’Assemblée nationale se trouve dans le 4e arrondissement, à proximité de Boy-rabe, fief des anti-balaka. Les Casques bleus y ont érigé une garde statique pour surveiller en permanence entrées et périmètre, tout comme au Centre de traitement de données (1er arrondissement) de l’Autorité nationale des Elections où sont gardées les données sensibles des récentes élections. Des exemples de zones sensibles où les Casques bleus ne sont guère à l’abri d’attaques…

Une quarantaine d’institutions de la capitale, dont les ministères, des tribunaux et centres carcéraux, certains camps de déplacés internes, l’aéroport international de Bangui Mpoko, mais aussi des sièges d’organisations régionales et internationales et des résidences de certaines personnalités, sont ainsi sécurisées en permanence. Entre autres objectifs, faire en sorte qu’aucune arme ne pénètre à l’intérieur de ces institutions. « Même les gardes du corps des autorités  doivent  laisser leurs armes à la guérite », précise un soldat de la paix.

A ces différents endroits stratégiques, les équipes de Casques bleus se relaient toutes les huit à 12 heures afin d’y assurer une présence permanente. Mais une fois à l’intérieur des institutions, le visiteur est soumis à un second contrôle, celui des policiers et gendarmes centrafricains ou des éléments des Forces armées centrafricaines (FACA), qui vérifient rendez-vous et accès au stationnement des visiteurs et des employés. 

Une complémentarité positive. « Nous n’avons pas encore tous les équipements modernes, c’est pourquoi c’est utile de pouvoir profiter de l’appui de nos collègues pour filtrer les entrées », explique un officier de la police nationale en poste au Palais de la Renaissance, selon qui cette collaboration est non seulement complémentaire mais aussi conviviale.

« La collaboration entre les forces de sécurités intérieure et la MINUSCA est très précieuse en ce moment en ce qui concerne la protection des institutions. Non seulement elle permet à nos unités de bénéficier des expériences mais aussi d’avoir le temps nécessaire de se reconstituer avant de prendre la relève. Ces protections conjointes traduisent aussi la parfaite collaboration entre les Forces de Sécurité Intérieure et la MINUSCA », atteste de son côté le directeur général adjoint de la Police centrafricaine, Bienvenu Goffi. 

« Protéger les institutions implique aussi l’escorte de personnalités à l’intérieur Bangui ou dans les préfectures. Dans ce dernier cas, ce sont les Casques bleus déployés dans les régions qui prennent le relai de leur accompagnement, tout comme celui des autorités préfectorales», souligne le Général de brigade Francis KASEMPA, Commandant de  l’Etat-major conjoint de Bangui, communément appelé BJTF (de son sigle anglais ‘Bangui Joint Task Force’). 

« Quelque 400 Casques bleus sont dédiés à cette tâche à Bangui, placés sous le commandement de BJTF. Issus de 12 contingents militaires et de police de la Mission, appartenant à des Unités suffisamment outillées et disposant d’équipements nécessaires pour faire face à d’éventuelles attaques », explique-t-il.  

Des équipes additionnelles sont aussi positionnées à Bangui, prêtes à intervenir à tout moment. Leur mission : renforcer, en cas de nécessité, l’effectif des Casques bleus assurant la protection des  institutions et répondre à toute requête urgente du gouvernement. 

Cependant, comme l’indique le nouveau mandat de la MINUSCA, la protection des institutions centrafricaines et la sécurité des hauts responsables seront progressivement transférées aux forces de sécurité centrafricaines, « en coordination avec les autorités centrafricaines, et en tenant compte des risques sur le terrain ».