Ultime rencontre pour la réouverture du cimetière musulman de Bangui

14 jan 2016

Ultime rencontre pour la réouverture du cimetière musulman de Bangui

Le cimetière musulman sis à Boeing, 3e arrondissement de Bangui, fait l’objet, depuis la recentre crise, l’objet de discorde entre les populations de ladite commune et de PK5, ces dernières éprouvant moult difficultés à y enterrer leurs morts, ce malgré de multiples efforts de médiation entre les deux communautés. L’heure est donc à une ultime tentative pour appréhender tous les contours du problème pour une issue définitive.

C’est dans ce cadre que s’inscrit la rencontre tenue, ce 14 janvier, au Quartier général de la MINUSCA, à laquelle ont été conviés les principaux protagonistes, tant des représentants de l’administration locale que des leaders des deux communautés, en présence des ministres de l’Administration du Territoire, de la Décentralisation et Régionalisation, Modibo Bachir Walidou, et de l’Environnement, de l’Ecologie et du développement durable, Sébastien Wénézoui, de l’Archevêque de Bangui, Monseigneur Dieudonné Nzapalainga, et de l’Ambassadeur de France, Charles Malinas.

Le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en Centrafrique et Chef de la MINUSCA, Parfait Onanga-Anyanga, était entouré, pour l’essentiel, de son adjointe, Diane Corner, de la Directrice des Affaires politiques, Barrie Freeman, du Chef des Affaires civiles, Laurent Guépin, du Chef d’Etat-major de la Force, Jacques de Lapasse, du commissaire a.i de l’UNPol, Roland Zamora, entre autres officiels.

A l’invite du Représentant spécial, les principaux représentants des deux communautés ont, dans un tour de table, inscrit au nombre des causes de la persistance de ce problème « l’absence de leadership dans le suivi et la mise en œuvre des précédentes décisions, le manque de confiance entre les communautés, des conflits d’intérêts ou la peur de l’insécurité, etc. ».

Par voie de conséquence, « les musulmans se voient obligés d’enterrer leurs morts dans des habitations ou terrains privés, voire des sites abandonnés, peu propices à de une telle pratique. Ce qui, à court ou moyen terme, risque d’engendrer des problèmes de santé, au-delà même de l’aspect l’humanitaire », comme le souligne le ministre de l’Administration du Territoire, de la Décentralisation et Régionalisation, Modibo Bachir Walidou, 

C’est pourquoi, pour sortir de l’ornière, d’aucuns plaideront en faveur d’« une plus grande implication des représentants de communautés dans les efforts», tandis que d’autre mettront en relief « le besoin de campagne d’information et sensibilisation des populations concernées en vue de leur préparation». Ce dernier plaidoyer est aussi celui du Sébastien Wénézoui, qui a invité la MINUSCA et l’ensemble de la communauté internationale à aider les populations concernées à sortir de cette impasse.

Ces doléances ont eu un écho favorable auprès du Chef de la MINUSCA, qui a interpelé tous les acteurs à y répondre sans attendre. Et de souligner « la valeur symbolique de l’ouverture du cimetière qui confirmera que les cœurs sont prêts ». Le chef de la MINUSCA a aussi invité les Casques bleus à une présence accrue, tout en évitant de donner l’impression que rien n’est possible sans les forces sécuritaires car, fait-il valoir, « toutes les armées du monde ne réussiront à rien si les cœurs ne sont pas désarmés ».

« Il faut rendre la dignité aux morts d’hier, d’aujourd’hui et de demain (…) le temps du deuil doit passer pour que celui de la vie et de l’amour puisse venir », dit en outre le Représentant spécial réitérant le message du Pape François, lors de sa récente visite en RCA, qui a invités les uns et les autres à « traverser pour aller à l’autre côté de la rive ». Le plaidoyer de Monseigneur Dieudonné Nzapalainga pour interpeler les consciences ira dans le même sens : « on ne peut pas prendre en otage les morts (…) nous sommes tous des étranger sur cette terre et nous partirons sans aucun de nos biens », a-t-il dit.

Réunir les communautés a toujours été au nombre des priorités de la MINUSCA qui, de par de récents efforts de médiation, de concert avec l’Ambassade de France, ont mis en œuvre des programmes pour la réouverture dudit cimetière musulman et, par-là, apaiser les esprits, recréer le dialogue et insuffler le vivre-ensemble et la cohésion sociale. Les deux communautés avaient d’ailleurs convenu de signer un «Pacte de non-agression», illustrant ainsi leur volonté de coexister pacifiquement.

La MINUSCA y a aussi mené des patrouilles régulières, tout en mettant en œuvre des travaux à haute intensité de main d’œuvre (THIMO) et des projets à impacts rapides (QIP) au profit de centaines de jeunes. Des actions en faveur du renforcement de l’autorité de l’Etat.