Verbatim de la conférence de presse conjointe du Ministre de la fonction publique et de la reforme administrative, Marcel Djimasse et de la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour la Centrafrique, Valentine Rugwabiza

4 sept 2024

Verbatim de la conférence de presse conjointe du Ministre de la fonction publique et de la reforme administrative, Marcel Djimasse et de la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour la Centrafrique, Valentine Rugwabiza

La Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour la République Centrafricaine et Cheffe de la MINUSCA, Mme Valentine Rugwabiza

Je vous salue très chaleureusement tous ici présents. Je vous remercie d'avoir répondu à notre invitation hebdomadaire à cette conférence de presse qui est devenue une tradition à la MINUSCA, mais une tradition entre nous, un point de rencontre traditionnel. Je voudrais commencer par remercier très, très vivement, vous remercier très, très vivement M. le Ministre, M. le Ministre Djimassé, pour avoir accepté chaleureusement mon invitation à vous joindre à nous pour cette conférence de presse hebdomadaire et à donner la perspective, surtout sur la base de votre propre portefeuille, la perspective du Gouvernement en ce qui concerne les priorités de l'extension de l'autorité de l'État. Donc l'extension de l'autorité de l'État peut être, pour rappel, pourquoi le Conseil de sécurité l'a érigée aujourd'hui comme tâche prioritaire, mais était déjà parmi les tâches de la MINUSCA. Simplement le niveau de priorité a été modifié et il a été placé en tâche prioritaire. Il est clair qu'aujourd'hui le stade de reconstruction de la paix, de reconstruction de la sécurité où se trouve le pays, demande également une extension de la présence et de l'autorité de l'État [de manière] sur tout le territoire, mais bien sûr, avec un accent tout particulier dans les zones d'accès les plus difficiles.

Il faut aussi rappeler que cette extension de l'autorité de l'État, quel est le point de départ ? Au fond, oui, la Centrafrique a été le théâtre de plusieurs crises successives qui ont eu comme résultat la destruction d'un certain nombre d'infrastructures, il faut le dire, limitées, qui avaient pu être construites dans les provinces, en pays profond. Mais pas seulement, il faut aussi reconnaître que depuis son indépendance, beaucoup de services avaient été centralisés à Bangui. Ce n'est pas seulement le résultat de la grande crise de 2013 et de 2014. En réalité, il y a un défi qui est important en termes d’extension de l'autorité, de présence des institutions de l'État. Et donc ce défi important, il est clair, ne peut pas être réalisé par un seul partenaire, ne peut pas être réalisé par le Gouvernement seul, demande véritablement un appel à un partenariat large, mais aussi un partenariat central. Merci de cette vidéo parce qu'elle fait un petit peu le tour de ce sur quoi j'aurais pu réinsister, mais cela nous permet de sauver du temps parce que je voudrais véritablement que nous donnions le temps à notre invité spécial d'aujourd'hui pour pouvoir l'entendre et [donner] le temps ensuite à nos échanges.

Et donc très brièvement, cette extension de l'autorité de l'État, nous nous concentrons, en ce qui concerne la Mission, sur trois volets essentiellement. Il y a le volet du renforcement des infrastructures, vous avez vu quelques exemples ici, mais en réalité le volet des infrastructures, investissement dans les infrastructures, il faut peut-être retenir qu'au courant des deux dernières années, la MINUSCA a pu construire et réhabiliter plus de 2 000 km de routes, et nous sommes en train de parler de plus de 2 000 km de route dans des zones où, dans certains cas, il n'existait pas de pistes. Donc il s'agissait aussi de commencer par un tracé de pistes pour pouvoir accéder aux différentes localités, permettre l'accès, pas seulement des différentes composantes de la population, l'accès de la force de la MINUSCA, l'accès des différents services de l'État. Donc vous aurez peut-être, je suis sûre, ceux qui suivent très régulièrement, et vous faites partie de ceux qui suivent très régulièrement les nouvelles, vous aurez vu que certaines de ces routes réhabilitées, il s'agit de la route entre Bangassou, Obo Bambouti, mais je parlerai également de la route Bria, Bambari, Pombolo, juste pour citer cela à titre d'exemple.

Également dans les infrastructures, il s'agit de la réparation des bacs. La Centrafrique est un pays doté de grandes richesses en termes de cours d'eau, avec comme corollaire qu'il y a plusieurs cours de rivières qui empêchent également l'accès et donc plusieurs bacs ont été réhabilités. Et enfin, des pistes, des pistes tant pour atterrissage d'avions que pour atterrissage d'hélicoptères. Et, je me base juste sur les deux années passées, il y a eu plus de 37 pistes qui ont été ou aménagées ou réhabilitées. Donc je ne reviens pas sur l'impact. L'impact, il est évident, je l’ai mentionné. Un deuxième volet sur lequel je n'insisterai pas parce que nous avons l'honneur d'avoir le Ministre lui-même ici présent. C'est clairement, et en disant deuxième, ce n'est pas une catégorisation moins importante en termes de priorité. En réalité, il n'est pas possible de parler d'extension de l'autorité de l'État sans avoir les services de l'État, sans avoir les fonctionnaires et agents de l'État présents à leur poste et avec les infrastructures nécessaires Nous ne parlons pas de luxe ici, mais les infrastructures nécessaires, leur permettant de remplir leurs tâches et leurs fonctions. Et je suis convaincue que M. le Ministre aura l'occasion de revenir sur cela, donc je vais faire un passage très rapide sur cette partie.

Clairement, l'impact de cette partie, c'est qu'en réalité, grâce à cela, il y a un accroissement de l'accès à la base aux services administratifs. Vous savez tous que pour plusieurs services administratifs, les populations doivent trouver les moyens de pouvoir venir à Bangui. Donc ce qui veut dire qu'en réalité plusieurs services administratifs restent inaccessibles pour un certain nombre de populations parce qu'il y a une centralisation des services administratifs et cette décentralisation permet d'avoir la décentralisation des services administratifs de l'État auprès des populations. Et donc, Son Excellence Monsieur le Ministre qui est en charge de ce département et ce portefeuille aura certainement l'occasion d'y revenir.

Enfin, l'extension de l'autorité de l'État, il s'agit aussi de l'extension des services de sécurité. Les services de sécurité, les fonctions de sécurité sont des fonctions régaliennes qui ne peuvent être accomplies et dont la seule autorité relève de l'autorité de l'État et donc il s'agit également de déploiement, de déploiement des forces armées, de déploiement des forces de sécurité, mais également de construction des différentes bases, de construction de gendarmeries, de construction de postes de police. Au courant de la seule année qui vient de s'écouler, nous avons pu, en travaillant avec la gendarmerie et la police nationale, procéder à la construction, réhabilitation et équipement de 18 gendarmeries, y compris celle de Baboua, je pense que je l'ai entraperçue, mais également la gendarmerie territoriale de Kaga Bandoro et ainsi de suite.

Enfin, je vais peut-être me réserver ici et c'est avec un grand plaisir et une attente, certainement, que nous allons être à votre écoute, M. le Ministre. Je me permets d'inviter le Ministre directement. Voilà, donc je vous invite à nous apporter vos propos liminaires.

Le Ministre de la fonction publique et de la réforme administrative, Marcel Djimassé

Je vous remercie, Madame. Alors, c'est à plusieurs étages de remerciements que je vais adresser d'abord pour cette conférence de presse qui est une occasion fantastique pour moi de témoigner de tout l'appui que la MINUSCA donne au Gouvernement dans différents départements. Mais c'est aussi l'occasion pour moi de pouvoir développer certains axes des activités que nous menons à l'heure actuelle, globalement dans le sens du renforcement de l'autorité de l'État sur l'ensemble du territoire national. Le petit élément vidéo qu'on a visionné ici, et puis les statistiques que vous avez données, montrent à suffisance l'importance de l'appui que la MINUSCA apporte à la République centrafricaine qui, comme tout le monde le sait, non seulement sort péniblement d'une période de conflits difficiles, parce que ce sont des communautés nationales qui se sont levées contre d'autres communautés, il n'y a pas pire guerre que celle-là, mais déjà sur un terrain, vous l'avez souligné tout à l'heure, qui était assez pauvre déjà, on n'avait pas beaucoup d'infrastructures, on n'avait rien. Et même si rien n'a pas pu résister à toutes les vagues de violence qu'on a connues et c'est pour ça que l'aide que la MINUSCA apporte à la République centrafricaine est d'autant plus appréciable.

Et je voudrais, au nom du Gouvernement, du Premier ministre, du Chef de l'Etat, dire toute notre reconnaissance, Madame, de tout le travail extraordinaire que vous faites en appui aux autorités centrafricaines. Trois points. On parle de l'instauration de l'autorité de l'État, je vais commencer par-là, et vous l'avez souligné. L'autorité de l'État s'exprime d'abord par la présence effective de l'État sur le territoire, à travers la présence des fonctionnaires et agents de l'État. Et c'est là où se manifeste le rôle que j'ai en tant que patron des ressources humaines de l'État. Comment m'assurer que l'État puisse être présent sur l'ensemble du territoire à travers la présence de ses agents. Les chiffres malheureusement aujourd'hui sont catastrophiques. Nous sommes dans un rapport de 1 à 5 pratiquement. Les derniers chiffres, côté civil, nous avons 20 500, 20 400 et quelques fonctionnaires actifs. Et sur ces 20 400, nous avons à peine 4 700 qui sont déployés dans nos provinces. Et ça, c'est le premier défi qu'il va falloir relever. C'est-à-dire cette fracture qu'on a entre Bangui et les provinces, il faudrait travailler à la réduire. Et c'est sur ça que nous sommes en train de travailler précisément.

Vous voyez, nous avons lancé une vague d'un programme de recrutement de 6 000 agents civils dans la fonction publique. Et nous espérons qu'avec ce programme de recrutement, on pourra redresser un peu ces chiffres pour aller vers 7 000, 6 000 fonctionnaires en province contre les 4 000 que nous avons aujourd'hui. Le défi, c'est pas simplement sur ces chiffres-là qui globalement, vous allez voir aussi que sur ces chiffres, lorsqu'on aborde la problématique genre, nous sommes très en retard aussi parce que nos sœurs, nos mères sont très peu représentées dans la fonction publique et c'est aussi le travail que nous sommes en train de faire en incitant nos compatriotes femmes à faire acte de candidature dans l’entrée dans la fonction publique de manière à renforcer l'effectif aujourd'hui pour que la problématique genre puisse aussi trouver une solution acceptable. Nous avons lancé, alors tout ça a été possible parce que vous vous souvenez qu'il y a deux ans, nous avons lancé une vaste opération de contrôle physique. C'est ça qui nous permet en l'occurrence aujourd'hui d'avoir des chiffres plus ou moins fiables. Et cette opération a permis de détecter tous ces gens qui n'avaient pas le droit d'être dans le fichier de salaire et qui étaient quand même. On était globalement autour de 3 000 personnes. Alors dire comme ça dans l'absolu, c'est rien, mais 3 000 sur 20 000 fonctionnaires, ça fait beaucoup comme pourcentage.

On a pu élaguer tous ces gens-là de ce fichier et ça a représenté une économie mensuelle de plus de 1,7 milliard, en termes de masse salariale. Alors ça a dégagé un espace budgétaire qui a permis de négocier avec le Ministère des finances le recrutement au niveau où on le fait aujourd'hui. C’est presque du jamais vu, en général les programmes de recrutement dans la fonction publique ça tourne autour de 1 000 et quelques 2 000. Et là nous sommes sur 6 000 jeunes gens qu'on va recruter dans la fonction publique. Et comme je l'ai dit, dans l'espoir que le plus gros dans cet effectif-là puisse être déployé au niveau des provinces pour que la présence de l'État puisse être manifeste à travers l'affectation de ces jeunes recrues au niveau des provinces. En tout cas, j'y veille. Et c'est pour ça que vous verrez que dans ce programme de recrutement, on a fait beaucoup appel à des agents, agents de l'enseignement, Mais on le fera aussi pour la santé, les agents de santé communautaire, ce sont des gens qui sont déjà sur place dans les provinces, qui remplacent les défaillances de l'État, et il est question de les institutionnaliser.

Vous voyez bien que si on les prend aujourd'hui comme fonctionnaires, mécaniquement, ce rapport, je parlais de fractures tout à l'heure entre Bangui et les provinces, ça pourrait se compenser à peu près. Voilà donc le travail que nous sommes en train de faire. On pourra revenir dessus à l'occasion des questions peut-être précises que vous allez me poser, mais voilà le travail que nous sommes en train de faire. Tout ça a été possible parce qu'on a eu le courage de faire un travail de contrôle physique, mais, cette fois-ci, avec comme conséquence pour tous les contrevenants, des sanctions réelles. Vous avez été certainement au courant des suspensions de salaire auxquelles on a procédé, des radiations auxquelles on a procédé. Et donc aujourd'hui, les gens qui sont affectés dans les provinces, ils y restent, pour la plupart d'entre eux. Mais en tout cas, tous ceux qui continuent à faire les petits malins, la sanction ne tarde pas à tomber sur eux. Et donc, le côté pédagogique de la chose, c'est qu'aujourd'hui, quand on est affecté en province, on y reste. Et c'est le but que nous recherchons, c'est-à-dire la présence de l'État sur l'ensemble du territoire, y compris dans les coins les plus reculés, pour que cette autorité de l'État dont on parle ici puisse avoir un contenu réel.

Deuxièmement, la question des infrastructures et je voulais aussi témoigner toute ma gratitude à la MINUSCA. Je vais parler du département qui est le mien puisqu’on a beaucoup travaillé avec les affaires civiles de la MINUSCA qui nous a beaucoup aidé. On a construit quelques bâtiments administratifs. On l'a fait dans la zone où j'étais Ministre résident. On l'a fait dans la région numéro 6 à Bangassou. On a un bâtiment administratif flambant neuf. Nous sommes dans un programme d'équipement en matériel informatique et en fourniture d'électricité. Je crois que ça a dû se faire déjà. Je n'ai pas suivi depuis comment [inaudible] d’ailleurs. A Ndélé il y a le même travail, on était à 70 % de construction. Et donc tout ça, c'est pour qu'on puisse donner réponse à ce que je n'ai pas mentionné tout à l'heure, c'est qu'à l'occasion du contrôle qu'on a fait, eh bien, lorsqu'on a posé la question aux agents pour que nous ayons l'explication du fait que les gens sont réticents à accepter les affectations en province. La réponse qu'on a reçue, nous on s'attendait à ce que les questions de sécurité viennent en premier lieu, mais non, le sentiment de sécurité commence à revenir mais, en revanche, les gens posent problème de leur environnement.

Environnement de travail, mais environnement de vie aussi. Et c'est pour ça que j'apprécie d'autant plus tout le travail qui est fait ici. Alors si vous renforcez la sécurité du côté de la gendarmerie, les bâtiments des services de prise en charge sanitaire ou scolaire, tout ça, ça contribue à donner une réponse aux préoccupations actuelles des agents de l'État qui disent, nous on aimerait bien et on les comprend. On aimerait bien aller en province, mais bon, moi j'ai des enfants, s'ils vont en province, il n'y a pas d'école, comment je vais faire avec mes enfants ? Et j'ai des enfants en bas âge, s'ils commencent à chauffer, petite fièvre, comment faire ? Il n'y a rien. Et donc, tout ce que vous faites, Madame, dans le domaine de renforcement des capacités en termes d'infrastructures de prise en charge scolaire, mais sanitaire aussi, ça va dans le sens de donner des réponses aux préoccupations des agents de l'État, et on peut espérer que ayant des réponses aux préoccupations majeures, prioritaires, ça va inciter les agents à accepter les affectations en province et donc, petit à petit, à obtenir cette restauration de l'autorité de l'État que nous appelons de tous nos vœux.

Le troisième axe, c'est la question de sécurité que vous avez abordée, je l'ai dit un peu. Heureusement aussi avec la présence des forces de la MINUSCA, la population, j'ai été témoin à Bambouti, le témoignage que la population de Bambouti nous avait fait, témoignage très émouvant. Madame le maire nous avait dit, mais c'est grâce à la MINUSCA que vous êtes venus trouver des gens pour vous accueillir ici, sinon vous n'allez trouver personne. Et donc, c'est un appui qu'il faut saluer, mais il faut aussi noter que le Gouvernement est en train de travailler dans le renforcement aussi de ses propres capacités. Du côté des forces de défense et de sécurité, vous savez sans doute, ou vous ne le savez pas, mais pratiquement tous les deux, trois mois, je note le recrutement des policiers, des gendarmes par vagues. Il y a aussi les FACA qui sont formés et qui renforcent. On est passé d'un effectif de 6 000 agents, tout confondu, en 2015-2016, nous sommes aujourd'hui autour de 20 000 agents de forces de défense et de sécurité. C'est encore assez faible, vu l'étendue du territoire, mais mis en face des moyens que nous avons, je pense que c'est aussi un effort qu'il faut saluer et on continue à faire cet effort-là pour que la montée en puissance de nos forces de défense et de sécurité puisse venir aux côtés de la MINUSCA, renforcer notre capacité de réponse à tout le défi sécuritaire que nous avons.

Voilà donc, Madame, assez brièvement ce que je peux dire sur les trois sujets que vous avez abordés. Et encore une fois, au nom du Gouvernement, au nom du Premier ministre, au nom du Chef d'État, je voudrais tout à fait solennellement dire un grand merci à tout l'appui que la MINUSCA nous donne, appui multiforme que la MINUSCA nous donne. Je n'ai pas souligné la contribution de la MINUSCA dans le renforcement des capacités administratives à travers tous les ateliers de formation dont on a bénéficié. Et tout ça, c'est à l'actif de la MINUSCA et je voudrais aussi saluer ça. Je vous remercie.

Florence Marchal, Porte-parole de la MINUSCA

Monsieur le Ministre, je vous remercie pour votre intervention. Et donc nous allons maintenant aborder la session des questions et des réponses de cette conférence de presse, qui, je vous le rappelle, est donc centrée sur l'extension de l'autorité civile et administrative de l'État. Je précise également que vous pouvez, si vous le souhaitez, et afin de favoriser une audience plus large, poser vos questions à Monsieur le ministre, évidemment en français, mais aussi en sango. Voilà, donc on va prendre un premier un premier round de questions.

Questions des journalistes

Radio Guira FM (Simplice Doayouane)

1. Merci Madame de m'avoir donné la parole. Je vais d'abord m'adresser à Madame la Représentante et après le Ministre qui va éventuellement répondre si possible en sango. La première avec la Représentante, la 8e réunion du comité d'organisation, de coordination de l'APPR, s’est tenue la fois dernière, présidée par le Premier Ministre, qui a beaucoup apprécié les réalisations de la MINUSCA, mais qui a aussi parlé des défis qui restent. Est-ce que la MINUSCA va-t-elle continuer à soutenir ce processus, et dans quel domaine va-t-elle se positionner ?

2.La deuxième question, également dans le cadre de l'extension de l'autorité de l'État, la MINUSCA contribue à l'installation des gouverneurs, des préfets, et leur déploiement, mais aussi la rénovation, comme on l'a dit tout à l'heure, des infrastructures. Est-ce que vous allez continuer à le faire pour les sous-préfets ?

3. Et pour terminer, avec la Représentante, le 8 août dernier, vous avez lancé un important projet, conjointement avec le Gouvernement, celui de la construction d'un poste frontalier à Bémbéré, frontalier avec le Tchad, dans l'optique de la gestion des espaces frontaliers, sources de conflits. Est-ce qu'aujourd'hui, cette initiative va s'étendre à d'autres frontières de la République centrafricaine, où se posent également les problèmes de sécurité ?

4.Et pour le Ministre, le Gouvernement souligne à plusieurs reprises que l'éducation faisait partie de ses priorités. Mais l'école centrafricaine est confrontée à des difficultés, car il y a plus souvent des maîtres-parents qui ne sont pas qualifiés, puis le manque d'anciens qualifiés dans certaines régions. Qu'est-ce qui se fait en ce moment pour répondre à ce besoin crucial alors que la rentrée scolaire s'approche à grands pas ?

5.  Et toujours dans le cadre de la restauration de l'autorité de l'État, la MINUSCA met aussi un accent particulier sur la réhabilitation des infrastructures routières pour aider à la mobilité des populations. Est-ce qu'on peut dire aujourd'hui que cela a aidé au déploiement des fonctionnaires, pas seulement à Bangui, mais aussi dans les endroits reculés du pays ?

Radio Ndeke Luka (Léo Papy Benam)

6. J'ai trois questions. Une question à l'endroit de Son Excellence le Ministre de la fonction publique et deux questions à l'endroit de la MINUSCA. La question à l'endroit du Ministre de la fonction publique, vous avez, par vos propos liminaires soulevé cette réalité-là, qu'un travail a été fait pour déceler des emplois fictifs dans la fonction publique. Quelles ont été les mesures coercitives ou encore des mesures de suivi et évaluation pour que ces méthodes ne puissent plus se reproduire à l'avenir ?

7.  À la MINUSCA, le déploiement de la mission multidimensionnelle en République centrafricaine a été d'un apport bénéfique de par rapport à la vidéo qu'on a vue, de par les chiffres donnés tant de la partie gouvernementale et de la partie de la MINUSCA. Quels sont, selon vous, les défis et les prochaines perspectives de la MINUSCA à mettre en œuvre en République centrafricaine pour répondre aux réalités ? Ces défis et perspectives sont, sur le plan perspectives, sécuritaire, extension de l'autorité de l'État ? Quels sont selon vous ces défis et perspectives ou encore les solutions que vous proposez ?

8. La dernière question à la MINUSCA, c'est une question d'ordre sécuritaire. Un contingent rwandais de la mission multidimensionnelle a été installé à la frontière de la République Centrafricaine et [de la République démocratique] du Congo. Et cette installation-là suscite des suspicions sur le plan géopolitique, puisqu'on sait que le Rwanda et le Congo sont dans une situation conflictuelle. Quelle est la réponse que la MINUSCA donne à propos de ces suspicions ou encore de ces interprétations sécuritaires ? Merci beaucoup.

Réponses aux questions

Le Ministre de la fonction publique et de la réforme administrative, Marcel Djimassé

Merci beaucoup. Je vais commencer par la question concernant les résultats des contrôles et puis la suite. Vous savez, on a souligné assez qu'on n'avait pas suffisamment d'éléments sous la main pour satisfaire à tous nos besoins. On n'a pas assez d'agents. On aurait pu choisir de systématiquement radier et poursuivre pénalement. Mais j'ai fait le choix, je l'ai suggéré et le Gouvernement m'a suivi sur cette proposition. Même si la chose n'a pas été rendue, on n'a pas fait de tapage autour de ça, mais il y a beaucoup de gens qui ont été poursuivis. Les récalcitrants ont fait de la prison, il y en a encore qui sont en prison d'ailleurs. Mais la plupart ont choisi de rembourser tout ce qu'ils ont volé à l'État.

Un compte, c'est que ça a été ouvert à cette occasion et a reçu tous les remboursements. Je crois qu'on était autour de 120 millions qui ont été remboursés. Tout ça, on est bien au-deçà de ce qui a été volé à l'État. C'est un choix que nous avons fait. Quand je dis des hautes personnalités, ce sont des ministres, ce sont des députés qui ont été poursuivis et qui ont payé. Il y en a qui ont payé, qui ont remboursé 40 millions, il y en a qui ont remboursé un peu moins. Mais il y a eu une suite à ce travail. Et comme je vous l'ai dit, c'est une question de choix. Le but du travail qu'on faisait, ce n’était pas de salir les gens, mais d'amener les gens à comprendre qu'il n'y a plus d'impunité. Vous touchez à l'argent de l'État, vous remboursez cash, si vous ne remboursez pas, vous faites la prison. Ceux qui n'ont pas remboursé, ont fait de la prison. Voilà pour répondre brièvement à cette question-là.

Il y avait une question aussi sur les maîtres-parents. C'est un peu ce qu’on m’a opposé, l'argument quand j'avais suggéré qu'on puisse recruter dans la fonction publique les maîtres-parents. On nous a dit, mais oui, mais ces gens-là, ils n'ont aucun niveau. Oui, mais lorsque l'État était absent, ça n'a gêné personne que ces gens sans niveau aient pu remplacer au pied levé l’Etat. Je crois que c'est une question de justice et de reconnaissance à des gens qui se sont, sur la base de volonté communautaire, ils se sont substitués à l'État pour faire ce qu'ils pouvaient faire. Et puis, on peut compter parmi les gens qui ont eu le bac cette année, les gens qui ont commencé avec des maîtres-parents, ce qui veut dire que ce n'est pas tout à fait aussi mauvais que ça. L'obligation que nous avons aujourd'hui, et c'est ce que j'ai pu obtenir du Ministre d'État et de l'éducation nationale, c'est que tous ces gens que je vais intégrer, il faudrait qu'à l'occasion des vacances scolaires, on les met en atelier de renforcement de capacités. C'est ce qui se fait.

Beaucoup de ces maîtres-parents sortent des centres pédagogiques régionaux. Beaucoup sont passés par là pour essayer de leur donner un petit niveau pour qu'ils continuent à faire le travail qu'ils sont en train de faire. Et c'est justement sur cette catégorie d'agents que je compte pour équilibrer, réduire la fracture entre Bangui et les provinces, parce que ce sont des gens qui étaient déjà là dans leur communauté, ils faisaient ce travail d'enseignants, je vous l'accorde, sans formation préalable, mais ils étaient là. Et vous voyez, ce ne sont pas des gens qui, parce qu'ils sont maintenant fonctionnaires, ils vont quitter leur poste pour aller ailleurs. Vous prenez quelqu'un à Bangui, vous l'envoyez au fin fond de nos pays, deux jours après, ils vont courir pour revenir à Bangui. Et donc, au moins avec eux, nous sommes assurés que la présence de l'État va être permanente parce que les gens-là, contrairement à ce que vous pouvez penser, ce sont des gens qui ont parfois le brevet des collèges, ils n'ont pas reçu de formation dans une école normale. Ils ont une petite base, c'est un terreau sur lequel on peut essayer d'avoir quelques petits rendements si on tente bien.

Vous avez parlé aussi des infrastructures. Bien sûr, ce que la MINUSCA fait, ça va aider aux transports, pour ceux qui prennent la route, mais Mme la Représentante l'a si bien dit tout à l'heure ici, la contribution de la MINUSCA, c'est aussi beaucoup par le transport aérien des agents sur le lieu d'affectation. Et ça, ce sont des choses qu'il faut saluer. Je pense que ce sont les trois questions essentielles que j'ai soulignées. Mais s'il y a quelque chose que j'ai loupé, vous pouvez peut-être revenir sur ça. J'insiste beaucoup sur la question des maîtres-parents. Il faut qu'on ait une nouvelle disposition d'esprit vis-à-vis de cette catégorie de personnel qu'on vient de recruter dans la fonction publique. C'est de la matière première brute, à nous de travailler pour qu'il soit en parfaite superposition à l'emploi auquel nous les destinons maintenant, l'emploi d'enseignants. Il faut les former à l'occasion des petites vacances scolaires. En tout cas, moi, personnellement, je salue le travail qu'ils ont fait et c'est une chose extrêmement importante. Certains de nos partenaires techniques financiers, la Banque mondiale notamment, ont bien perçu l'importance de cette catégorie de personnel. Et aujourd'hui, vous êtes, par le biais des contrats, à les prendre. A charge pour le Gouvernement, chaque année, de les intégrer dans la fonction publique, de libérer de la place pour que ces contrats bénéficient à d'autres personnes aussi. Et ainsi de suite, c'est ce que nous sommes en train de faire.

 Et vous avez certainement entendu les engagements du Gouvernement devant l'Assemblée nationale. On a tablé d'abord sur 1 500 personnels à recruter dans l'éducation nationale mais j'ai obtenu que nos passons au-delà de 1 500, nous sommes aujourd'hui à 1 600, 1 700 que nous avons intégrés parce que j'ai pu démontrer au Gouvernement qu'il était important qu'on fasse la place aux maîtres-parents et aujourd'hui les 200 agents additionnels, ce ne sont que des maîtres-parents. Ce sont des agents de l'enseignement. On a créé une catégorie spéciale dans le statut général pour les absorber. Cette catégorie s'appelle agent de l'enseignement, agent communautaire de l'enseignement, je ne sais plus.

La Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour la République Centrafricaine et Cheffe de la MINUSCA, Mme Valentine Rugwabiza

Merci, M. le Ministre, parce que je reçois énormément d'informations, des détails que vous êtes en train d'apporter en réponse à ces questions. Les questions qui m'ont été adressées, la question concernant la huitième réunion de coordination qui a été présidée par le Premier Ministre et Chef du Gouvernement, il y a exactement une semaine, elle a eu lieu mercredi passé, le 28 août, elle a été l'opportunité de voir les différentes avancées en ce qui concerne les défis qui en sont ressortis, ou plutôt là où les efforts doivent être concentrés. Il est ressorti de manière très claire le travail immense que sont en train de faire les comités préfectoraux de paix et de réconciliation et qu'il n'y a pas une visibilité suffisante qui est accordée au travail qui est fait par ces comités préfectoraux qui, comme vous le savez, sont présidés par les différents préfets. Plusieurs exemples ont été donnés en termes de leur réalisation, que ce soit dans la prévention des conflits locaux ou en réponse aux conflits locaux, que ce soit des conflits liés à la transhumance, que ce soit des conflits liés à des disputes entre les différentes communautés. Eh bien, il y a un travail immense qui est en train de se faire.

Il a été également relevé qu'il y a un besoin, clairement, de pouvoir accentuer la visibilité de ce qui est en train d'être fait, comme je le disais, par ces comités. La question concernant le poste frontalier de Bémbéré, il s'inscrit en réalité dans l'un des axes de l'accord de paix et de réconciliation signé en février 2019, tout ce qui concerne l'extension de l'autorité de l'État. Le sujet de notre conversation de ce jour est un axe important de l'accord de paix et réconciliation et bien sûr pour un pays qui a autant de frontières, une zone frontalière et des zones frontalières aussi larges que la Centrafrique, cela veut dire extension de l'autorité de l'État dans les zones frontalières. Et c'est dans ce cadre que se situe le poste mixte qui va recevoir énormément de services de l'État. Se trouvera bien sûr la gendarmerie, la police, mais également les services d'élevage, les services d'agriculture, les services de douane, les services de commerce, eaux et forêts feront partie de ces différents services. Ce n'est pas seulement et, encore en réponse à la préoccupation qui a été transmise par les différents fonctionnaires, il ne s'agit pas seulement de pouvoir construire des lieux de travail adéquats, mais également des lieux de vie.

Dans le poste mixte de Bémbéré, il comprend des bâtiments de travail, mais également des bâtiments de vie qui vont permettre à ceux qui sont déployés, qui ne sont pas de Bémbéré, de pouvoir y vivre décemment pendant leur période de déploiement. Quel est le défi ? Le défi, c'est qu'il faut mobiliser beaucoup plus d'acteurs, de partenaires et de ressources. Bien sûr, dans cette mobilisation, c'est le Gouvernement et essentiellement la Commission de gestion des espaces frontaliers, mais également le Ministère en charge de l'administration du territoire à la tête. Il va falloir mobiliser énormément de ressources pour avoir une présence effective et multiplier ce premier poste à d'autres points de frontières qui sont des points de frontières tout aussi critiques. Les objectifs sont très clairs. Les passages, les différents passages de frontières doivent être gérés pour devenir source de prospérité et ne pas continuer à être les sources d'insécurité que ces différents passages ont été dans le passé et jusqu'à présent.

Enfin, la question de Ndeke Luka concernant les défis à l'extension de l'autorité de l'État, je pense que je l'ai déjà mentionné, en réalité, ce sont les défis qui ont été énoncés par son excellence M. le Ministre. Et bien, quand les questions sont posées, les principaux défis, c'est lieu de travail, lieu de vie, services d'éducation, services de santé. Ce sont les principaux défis. Et la sécurité, il y a une présence plus importante, il y a une amélioration des conditions de sécurité, mais véritablement, en ce qui concerne les services sociaux de base, les services sociaux de base restent un énorme chantier, et bien cet énorme chantier, et bien aussi avec le Gouvernement, les partenaires des Nations Unies, les services sociaux de base. Il faut rappeler que les agences des Nations Unies et d'autres partenaires jouent un rôle très important dans ces services sociaux de base, ce qui est en train de se construire avec le bâtiment administratif à Bossangoa. Les besoins sont énormes, ce sont d'énormes chantiers et cela va pouvoir se faire graduellement. Encore une fois, là où j'ai commencé, il ne s'agit pas de reconstruire uniquement des structures qui ont été détruites pendant les conflits, il s'agit aussi de construire des structures qui n'ont jamais existé. Donc voilà l’énormité du chantier ici.

Enfin la question concernant le contingent rwandais qui se trouvera à la frontière avec la RDC, je suppose que vous parlez du contingent qui se trouve déployé à Bambouti probablement, même si ce n'était pas précisé. Certainement le contingent qui se trouve à Bambouti. Et bien c'est vous dire ici, d'abord tous les contingents de la MINUSCA, aucun contingent de la MINUSCA n'est sous administration bilatérale. Quand on offre des forces à la MINUSCA, ils sont tous sous la direction du Commandant de la force, ils sont tous sous la direction de la MINUSCA. Donc aucun contingent ne se déploie, c'est le Commandant de la force qui décide où déployer l'un ou l'autre contingent. Ces déploiements sont mobiles, nous les changeons très régulièrement, donc nous ne faisons pas de déploiements qui vont être des déploiements statiques fixes.

Et enfin, vous rappelez ici que les déploiements qui sont faits, bon le point, le cas spécifique à Bambouti, effectivement Bambouti est une zone frontalière entre la Centrafrique, le Soudan du Sud et la RDC. L'objectif essentiel, c'est de pouvoir établir un environnement qui va permettre le déploiement des FACA et le déploiement de la gendarmerie et de la police nationale. Je suis reconnaissante à ce contingent qui, depuis le mois de mai, est en train de travailler dans des conditions extrêmement difficiles. Après quatre mois de présence à Bambouti, nous n'avons toujours pas pu trouver une source d'eau pour ce contingent. Donc ce contingent travaille dans des conditions extrêmement rigoureuses. Je dois dire que ce n'est pas tous les contingents qui sont prêts à être déployés dans des conditions extrêmement rigoureuses. Cela doit se négocier également parfois avec les contingents. Et bien depuis quatre mois, nous n'avons toujours pas pu trouver de source d'eau à Bambouti. Donc nous avons un contingent qui fonctionne sans source d'eau et c'est la raison pour laquelle nous attendons d'abord de pouvoir trouver une source d'eau pour assister au déploiement des FACA et au déploiement de la Gendarmerie nationale. Merci.

Questions des journalistes

Radio Fréquence RJDH (Guy Florentin Outiama)

9. Ma préoccupation va directement à travers Monsieur le Ministre. Il est bien beau de penser à la construction d'un bâtiment administratif, mais ce qui est là, c'est que beaucoup de ces agents, les agents de l'État, surtout les chefs de services en province, se plaignent par rapport à leur logement. Il y a également, dans certaines zones, des maisons dites « camp fonctionnaire » qui sont vraiment délabrées. Vous, en tant que Ministre tutelle, que comptez-vous pour rendre à l'aise ces fonctionnaires ?

Radio Centrafrique (Rodrigue Ngandjo)

10. L'une des grandes activités, l'un des grands projets réalisés par la MINUSCA pour l'extension de l'autorité de l'État, c'était le projet CVR à Bambouti, Obo. Où en sommes-nous ce moment, parce que les jeunes se sont levés pour s’engager pour ce projet. Le projet est à quel niveau ? Les jeunes qui travaillent de Bambouti vers Obo sont à quel niveau ? Et ceux qui sont à Obo pour Bangassou sont à quel niveau pour la route qu'ils veulent créer pour permettre l'extension de l'autorité de l'Etat ?

11.  Alors, ma seconde question, c'était sur le déploiement des forces parce que le Ministre était là-bas, étant Ministre résident, il a vu comment les Centrafricains, qui vivent là-bas, pleuraient à cause de la présence des forces armées centrafricaines. C'est parce qu’il n'y a pas de l'eau là-bas, que ça tarde encore le déploiement de ces forces ?

Radio Voix du Citoyen (Belisaire Dorval Sahoul)

12.   Ma question va à l'endroit de Mme Valentine Rugwabiza. Dans le cadre d'accompagnement de la MINUSCA à l'endroit du Gouvernement pour le respect des droits de l'homme, il y a l'ex-Ministre de la jeunesse et des sports depuis sa case de prison qui écrit une lettre, comme quoi ses droits sont bafoués et il attend une réponse des acteurs humanitaires pour pouvoir faire le respect de ses droits en fait. Cette lettre, dans le cadre des bons offices que la MINUSCA offre au Président de la République, autorise également qu'il y ait des discussions qui peuvent être faites dans ce sens, est-ce que vous avez reçu aussi l’exemplaire de la lettre et quelle sera donc votre réponse par rapport à cette préoccupation dans le cadre des bons offices entre la MINUSCA et le Gouvernement ?

Agence Centrafrique Presse – ACAP (Jonas Bissinguim)

13. Monsieur le Ministre de la fonction publique, dites-nous un peu, vous avez parlé des recrutements des fonctionnaires dans la fonction publique, cela est-il la solution souhaitée par le peuple centrafricain, parlons beaucoup plus de la sécurité. Où en sommes-nous ?

14.   Et avec les élections locales qui arrivent à grands pas, quelles solutions envisagées pour que les élections aient réellement lieu ?

Les Autres Nouvelles de Centrafrique – LANOCA (Aubin Manassé Ndata)

15.Juste une question à l’endroit de Monsieur le Ministre, tout à l'heure, dans ses propos, il a parl, des questions que les agents de l'État se posaient sur l'environnement. Alors, quelle a été la réaction, la réponse concrète du Gouvernement face aux questions posées par les agents de l'État sur l'environnement dont vous avez parlé ?

Réponses aux questions

Le Ministre de la fonction publique et de la réforme administrative, Marcel Djimassé

Merci beaucoup. Je vais commencer par la dernière question qui rejoint d'ailleurs la première sur les questions des logements des fonctionnaires et agents de l'État. C'est effectivement les résultats qu'on a obtenus lorsqu'on a fait, on l'a fait faire par l'ICACES, l'enquête d'opinion auprès des fonctionnaires. La question sécurité, comme je l'ai dit, vient maintenant en 4e ou 5e position et aux deux premières positions, ce sont les questions liées à l'environnement de travail et à l'environnement de vie, qui englobent aussi la question du logement des fonctionnaires, en plus des questions liées à la prise en charge sanitaire, à la prise en charge scolaire, etc. Sur la question du logement, alors, la première causerie que j'ai eue avec la Représentante, on avait abordé cette question-là, où on nous avait dit que, quand nous on était jeune, ce en quoi nous avons été habitués, ce sont des villages, des camps de fonctionnaires en province. Ça veut dire que lorsque vous êtes affecté en province, vous savez tout de suite que vous allez en remplacement de la personne que vous remplacez administrativement, vous la remplacez aussi dans le logement qui est occupé avant. Et que je souhaitais qu'on fasse, que la MINUSCA nous aide à refaire l'expérience. Monsieur le directeur de cabinet a été staffé sur ce dossier-là. Il est en train de travailler avec le Ministère de l'urbanisme, avec des architectes, pour nous faire des schémas, des modèles, des villages de fonctionnaires de sept à dix cases. On va évaluer le coût et on fera le tour de nos PTF, de nos partenaires techniques et financiers, pour voir qui pourrait être intéressé. Et je sais qu'il va y en avoir puisqu'on est en plein dans la problématique de la restauration d'autorité de l'État, qui tient à cœur à beaucoup de nos partenaires techniques et financiers. C'est le travail que nous sommes en train de faire.

Mais vous imaginez que, Mme la Représentante l’a souligné ici, globalement, en ce qui concerne la contribution de la MINUSCA sur la question d'infrastructures, on ne peut pas faire tout, tout de suite, partout. Et donc, ça va se faire d'abord par la négociation pour ceux qui sont disposés à nous aider à le faire. Et on verra. Mais en tout cas, nous sommes sur ce travail-là. Nous sommes en train de préparer les éléments pour revenir vers la MINUSCA, puisqu'on a commencé à travailler sur ça avec la MINUSCA. Et aussi voir avec d'autres partenaires, ceux qui pourraient être intéressés par telle ou telle région, à financer un tel projet.

Sur la sécurité des élections locales, bon, on est tous Centrafricains. On a quand même organisé les élections ici dans des conditions de sécurité plus difficiles que celles que nous avons aujourd'hui. Et en tous les cas, en général, lorsque nous nous approchons de ces échéances, la MINUSCA nous aide à élaborer un plan de sécurisation des élections, c'est ce qui va se passer aussi pour ces élections-là. Moi, je n'ai pas d'inquiétude particulière pour la raison que j'ai évoquée. Aujourd'hui, quand même, il faut reconnaître que la sécurité se rétablit, a été rétablie sur beaucoup de territoire dans notre pays. Donc cette question n'est pas une préoccupation pour moi. Vous voyez même que pour le Gouvernement, la préoccupation, c'est le financement, l'argent pour faire les élections. La question de sécurité, je pense qu'on va trouver, comme on l'a fait par le passé, des solutions qui nous permettront d'installer dans la tête des électeurs le sentiment de sécurité qui pourrait permettre un grand engouement pour les élections. Je n'ai pas d'inquiétude pour ça.

[Réponse en sango]

Madame la Représentante, j'ai expliqué, en reprenant un peu les propos que vous avez tenus tout à l'heure ici, j'ai expliqué que le déploiement des forces nécessite que des préalables soient acquis. Parce que des forces de sécurité qui viennent et qui sont en contact avec la maladie tout de suite parce qu'ils ont bu de la mauvaise eau ne servent à rien. A quoi sert un soldat malade ? C'est pour ça que j'ai expliqué aussi que quand on était à Bambouti, la promesse que nous ont faite les entrepreneurs qui sont chargés de faire le forage, c'était qu'il fallait qu'on revienne au bout de deux semaines pour qu'on fasse la livraison des ouvrages. Mais à l'heure où je vous parle, nous sommes à 150 mètres et on n'a toujours pas d'eau. Des rochers, des choses comme ça. Et donc ça montre la difficulté du côté de la préparation du déploiement de ces troupes-là. Mais je pense que quand toutes ces choses-là seront mises en place convenablement, il n'y a pas de raison. Et j'ai ajouté que le Haut Mbomou, et ça c'est la promesse du Chef de l'État, qui aujourd'hui fait le mea culpa de la République par rapport à cette région qui a été longtemps délaissée. Aujourd'hui, d'abord, ma présence auprès de la Représentante spéciale, c'était pour montrer aussi à ces populations que désormais l'État était disposé à être auprès d'elles pour les accompagner, que ce soit sur le plan sécuritaire, mais sur d'autres plans, parce que les défis sont énormes, sur tous les plans. Vous voyez, quand les gens reviennent comme ça, quand les réfugiés reviennent, il y a toujours des conflits, des terrains qui sont occupés, et du fait aussi qu'il y a eu une longue période de présence de ces forces, de rébellions et de forces illégales dans ces coins. Des familles se sont créées autour de ces gens-là et aujourd'hui ces familles sont très mal vues, sont stigmatisées par les populations locales. D'ailleurs je m'apprête à envoyer une mission à Obo avec des psychologues pour essayer de régler le problème où des femmes qui ont vécu avec des éléments de groupes armés qui ont eu des enfants, ont des problèmes aujourd'hui avec les populations locales là-bas, qui les taxent d'être des traîtres, enfin tout ça. Vous voyez qu'il y a beaucoup de choses, qu'il y a beaucoup de défis en dehors du défi sécuritaire où vous avez noté la demande expresse des populations en faveur de la présence des FACA ou de nos forces nationales. Il y a aussi d'autres défis et nous essayons d'apporter des réponses petit à petit à chacun de ces défis-là. En tout cas, sur la question de la présence des FACA, c'est comme l'a dit Madame la Représentante, il y a un travail de préparation qui est en train de se faire et nous allons voir que les forces nationales seront déployées aux côtés de la MINUSCA dans ces zones. Je vous remercie.

La Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour la République Centrafricaine et Cheffe de la MINUSCA, Mme Valentine Rugwabiza

Je vous remercie. Je pense que la question véritablement du déploiement du FACA à Bambouti a été très largement couverte par M. le Ministre et par moi-même précédemment. Il faut déployer des forces qui sont dans un minimum de capacités de pouvoir remplir les fonctions. Les fonctions, qu'il faut le dire, sont des fonctions difficiles qu'on leur octroie. Le terrain de Bambouti est un terrain rocailleux, et comme l'a dit M. le Ministre aujourd'hui, la compagnie qui travaille au forage est arrivée à plus de 150 mètres de forage, et c'est un terrain rocailleux où il est très difficile de pouvoir trouver une source d'eau. Pour le reste, nous sommes prêts à apporter le soutien que nous avons déjà apporté aux FACA, dans d'autres localités du Haut Mbomou. Il vous souviendra qu'à la fin de l'année passée, nous avons apporté le soutien au déploiement à Mboki. Mais à Mboki, nous n'avions pas le problème d'eau qui se pose aujourd'hui à Bambouti.

Enfin, je vais peut-être saisir aussi cette opportunité pour insister sur le fait que l'extension de l'autorité de l'État, on a tendance à le voir sous le contexte sécuritaire. Il y a l'extension de l'autorité administrative de l'État qui est tout aussi importante. Pour la première fois, nous avons commencé à construire la mairie de Bambouti. Les travaux sont en très bon progrès, ce qui va permettre à Madame le maire, dont je saisis l'opportunité ici pour saluer le courage et la résilience, il faut le dire absolument extraordinaire et inspirante, qui va permettre à Madame le maire de pouvoir travailler auprès, de pouvoir servir ses administrés à partir de Bambouti. Aujourd'hui Madame le maire fait ce travail à partir de Obo. Et donc les travaux sont en bon progrès en ce qui concerne la mairie que nous avons eue l'opportunité aussi d'inaugurer avec Monsieur le Ministre quand nous y étions en visite au courant du mois de juillet.

Enfin, sur cette question de l'axe routier, qui est l'un des axes où, encore une fois, pour la première fois, l'axe a été tracé en direction de Obo, vers Bambouti. Juste trois jours avant notre arrivée, c'est là où l'équipe qui travaillait sur l'axe est arrivée. L'équipe d'engineering, mais qui ne travaillait pas sur l'axe seule, travaille avec les jeunes qui sont recrutés des communautés environnantes. Donc c'est vraiment un travail conjoint, ce sont des travailleurs qui sont journaliers, qui sont les jeunes des communautés environnantes. Aujourd'hui, où est-ce que nous en sommes ? Cette partie Obo - Bambouti a été faite et la priorité, c'est maintenant dans le sens inverse pour un compactage. Et là, nous sommes tous tributaires de la saison des pluies. Il faut faire un travail de compactage à partir du moment de fin octobre, quand véritablement le travail que vous faites n'est pas tout de suite balayé par les pluies diluviennes qui sont en train de passer. Donc c'est ce qui est aujourd'hui, c'est la phase dans laquelle nous sommes.

En ce qui concerne Obo même, j'ai constaté avec plaisir, Monsieur le Ministre, que le centre de formation de Obo que nous avons visité, et bien ces 100 jeunes ont terminé leur formation d'électricien, leur formation de menuisier, ces formations ont été terminées. Ils ont tous reçu leur kit d'électricien et leur kit complet de menuisier et des kits de couture pour ceux qui ont participé. Et en réalité, certains ont déjà commencé à mettre en place leurs propres affaires personnelles. Donc cela est un développement positif. Mais en marquant tous ces développements, je tiens à réinsister, les besoins sont immenses et je demande véritablement toutes les volontés et les partenariats disponibles pour cela.

En ce qui concerne la question des droits de l'homme et les bons offices, la question de Radio Voix du Citoyen et les bons offices, nos bons offices interviennent à plusieurs niveaux. Donc il y a un travail de suivi régulier et de reporting qui est fait, mais également d'engagement avec les différentes institutions nationales qui est fait par notre division des droits de l'homme. Et il est clair que dans ce suivi, quand une question est portée à mon attention comme étant une question sérieuse de violation qui demanderait une intervention à mon niveau, à des niveaux politiques plus élevés, et bien cela est fait. Mais la nature des bons offices, comme vous le savez, c'est une nature de travail discret dont on ne donne pas les détails, malheureusement, dans les médias. La seule chose que je pourrais vous dire ici, c'est que les bons offices n'ont pas pour objectif d'être un paravent à l'exercice de la justice. Donc il est clair que même quand notre division des droits de l'homme fait ce suivi, elle va faire ce suivi sur les conditions de détention, sur en fait la substance même de la complainte. Et s'il s'avère qu'il y a un processus judiciaire qui est en cours, et bien il ne relève pas même de la division, de devoir être une barrière à un processus judiciaire qui est en cours. Notre rôle est de nous assurer que les droits sont respectés, mais certainement pas de contribuer à faire le lit de l'impunité. Je vous remercie.

Questions des journalistes

Radio Ndeke Luka (Léo Papy Benam)

16.    On sait que l'autorité de l'État, c'est aussi la résolution d'une manière pacifique avec les forces non conventionnelles. La RCA était jadis dans une situation d'insécurité constante. et de par les efforts du Gouvernement et de la Ministre qui soutient ces actions, des tentatives de résolution pacifique de conflits par des mécanismes juridiques ont été mises en place. Je parle de l'APPR qui a été mise en place mais qui avait en fait été enterré par ces groupes rebelles qui ont commencé avec les atrocités et l'impunité. Et aujourd'hui, par les récents communiqués, la CPC a décidé de mettre en avant ces mesures pacifiques-là. Et lors de la dernière conférence de presse, la porte-parole de la MINUSCA a réitéré le soutien de la MINUSCA à accompagner le Gouvernement, qui aussi, par un communiqué du porte-parole du Gouvernement, a accepté les mesures à suivre. Quelles sont les bases qui encadreront d'une manière pérenne les prochaines ententes pacifiques entre les groupes rebelles et le Gouvernement et la MINUSCA qui soutient ces actions ? Quand je dis base pérenne, je dis des bases qui peuvent durer de par le temps pour que la République centrafricaine puisse demeurer dans la paix et la quiétude pour de longues années et ne pas aussi se fier à ces récentes ententes juridiques qui n'ont pas tenu ?

La Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour la République Centrafricaine et Cheffe de la MINUSCA, Mme Valentine Rugwabiza

Je vous remercie. La posture de la MINUSCA sur ces questions, d'abord il est clair qu'il y a un accord, il y a un accord de paix et bien sûr l'un des axes de cet accord de paix qui est conduit essentiellement par le ministre d'État à l’APPR et au DDRR au nom du Gouvernement, et bien cet axe constitue l'axe d'ouverture et d'encouragement à tous les signataires de l'accord de paix de 2019 qui l'ont quitté à revenir dans l'accord de paix. Parce qu'il existe un seul cadre qui est l'accord de paix. Ils ont été signataires de cet accord de paix. Vous vous rappelez de l'histoire récente, c'est en 2020 que certains d'entre eux ont quitté cet accord de paix pour former la coalition qu'ils ont formée. Et bien, ce sont des éléments positifs si certains désirent revenir dans le cadre de l'accord de paix dont ils sont signataires parce qu'à ce moment-là, cela veut dire qu'il va falloir respecter les engagements qui ont été pris dans le cadre de l'accord de paix. Je note aussi que le Gouvernement et le Président ont indiqué à tout moment une disponibilité à un retour et à un engagement à ceux qui reviennent dans le contexte et le cadre de l'accord de paix. Donc, c'est ce que je peux vous dire, la posture de la MINUSCA ici est une posture de disponibilité. Nous sommes disponibles à faciliter et à soutenir les efforts du Gouvernement. Nous restons disponibles parce que nous pensons qu'effectivement un retour dans l'APPR est la voie vers une sécurisation durable. Et donc nous sommes disponibles. Nous gardons notre disponibilité aux différents soutiens qui nous seraient demandés. Je note cependant qu'il ne suffit pas de faire des déclarations. Il faut que des déclarations soient accompagnées par des mesures de confiance. Donc, il faut des actes qui vont constituer des mesures de confiance, des actes qui vont démontrer que la volonté de rejoindre la PPR est une volonté sincère, est une volonté authentique.

Le Ministre de la fonction publique et de la réforme administrative, Marcel Djimassé

Je vous remercie Madame la Représentante parce que je crois qu'il est important que les uns et les autres sachent quelle est la posture constante du Gouvernement par rapport à cette question-là. Et la chose a été même dite assez clairement dans le communiqué du Gouvernement après l'annonce de la CPC. Le Chef d'Etat l'a, à plusieurs reprises, réaffirmé. Le Gouvernement laisse la porte ouverte à toutes les bonnes volontés qui veulent nous accompagner dans ce cheminement vers la paix. Et en particulier les signataires de l'accord de Khartoum qui se sont écartés à un certain moment. Mais cela dit, et vous l'avez souligné Madame, une déclaration surtout de la part des gens qui sont échaudés, une déclaration tant que des actes concrets ne sont pas posés. Quels sont ces actes ? La volonté réelle d'aller vers le cantonnement des troupes. La volonté réelle d'aller vers le désarmement des troupes. Ce sont ces actes-là que nous attendons. Pour que ces déclarations que nous apprécions puissent être des éléments sur lesquels nous pourrons nous fonder pour construire nos relations futures avec ces groupes armés. Il faut que des actes concrets soient posés aussi en accompagnement des déclarations qu'on a entendues.

Deuxièmement, je pense qu'il appartient aussi à la presse, je ne donne pas de leçons mais j'imagine que nous tous, nous aimons notre pays, la RCA et qu'il faudrait que les gens s'abstiennent de jeter de l'huile sur le feu. Personne n'a dit que le fait d'avoir un accord avec les gouvernements, c'était une façon de passer à perte et profit tout le problème de réparation auquel nous faisons face. Ce n'est pas non plus passer à perte et profit la question de la justice. Il y a une forme de justice qu'il faut trouver pour régler ces problèmes-là, pour que le futur soit préservé, le futur en commun, le futur ensemble soit préservé. Et c'est dans ce domaine-là que je pense que, mesdames et messieurs de la presse, vous avez un rôle à jouer. Un rôle de pédagogie à jouer. Parce qu'il m'est arrivé de tomber sur des articles de presse qui mettent l'accent sur ce que tel a fait hier. Et ce n’est pas possible, on ne peut pas discuter avec tel. Non, quand vous faites la guerre, vous faites la guerre avec quelqu'un. Et quand c'est la guerre, il est certain qu'il y a dans l'intervalle des exactions qui pourraient être commises.

Et c'est justement cette capacité de dépassement de soi par rapport à ces questions-là qui détermine les chances de retrouver la paix un jour. Et sur cette question-là, je pense qu'il faudrait que, nous de la presse, vous soyez suffisamment sensibilisés pour que les discours passionnels que la rue, à raison, peut parfois tenir. Parce que bon, comme je l'ai dit tout à l'heure, au début, il n'y a pas pire guerre que la guerre civile, une guerre qui fait dresser les communautés sur le même espace national, les communautés contre d'autres communautés. Il y a toujours cette soif de vengeance qui est là, mais il ne faut pas que nous accompagnions cette soif de vengeance, nous de la presse. Si on veut donner la chance à la paix, il faudrait que nous ayons un rôle de pédagogie, surtout sur cette question-là, pour que les passions se taisent, et qu’on puisse prendre la main et faire la paix. Voilà ce que je voulais ajouter, Madame la Représentante, sur cette question-là. C'est extrêmement important que ce soit souligné.

Par rapport à la question de Ndeke Luka tout à l’heure, vous demandiez quelles sont les assurances qu'on avait pour qu’après le contrôle physique, quelles sont les assurances que les choses ne se répètent pas ? Oui, nous sommes en train de travailler sur un nouveau système informatique. On appelle ça système intégré de gestion des ressources humaines, où la biométrie va intervenir beaucoup, où des mécanismes, des verrous, on appelle ça en informatique des verrous, où ces mécanismes seront mis en place pour que la fiabilité de la base de données de traitement des salaires puisse être pérennisée et, deuxièmement, il y a aussi la nécessité que le personnel qui sera affecté sur la gestion au quotidien de cette base de données passe par une vérification de moralité. Aujourd'hui, vous savez l'informatique, c'est quelque chose de tellement, surtout lorsque ça touche à l'argent, c'est tellement délicat que c'est aussi une forme de légèreté de recruter simplement sur la base des compétences technocratiques. Il faut peut-être vérifier aussi la moralité des gens qu'on va staffer sur la gestion au quotidien de ces fichiers. C'est vers ça qu'on s'achemine, avec des prestations de serment de la part des gens qui sont recrutés sur ce nouveau système qu'on met en place.

La Banque mondiale nous accompagne dans ce domaine-là. C'est quand même autour de 3 milliards, ce bidule. Et la première phase a déjà commencé, puisqu'on profite aussi de l'occasion pour revoir l'orientation que nous voulons donner à la fonction publique centrafricaine. Nous sommes en train d'élaborer le nouveau guide normatif des emplois publics, une définition des corps, la manière de progresser à l'intérieur de chaque corps, et surtout une définition des emplois, des postes de telle manière que des emplois soient évalués sur la base de ces rendements plutôt que simplement parce qu'on a fait deux ans automatiquement, on change d’échelon, non. Maintenant c'est les résultats sur le poste où vous êtes staffés qui va déterminer le fait que vous avancez ou pas dans votre carrière. Voilà un peu le complément des réponses que j'avais manqué de vous donner.

Je veux souligner aussi à la fin qu’il y a un nouveau rôle, une nouvelle mission qu'on a donnée au Ministre de la fonctions publiques, c'est le rôle, la mission de développer le capital humain en s'assurant que des services publics de qualité soient distribués à tout le monde sur l'ensemble du territoire. Vous voyez, on rejoint là la problématique que nous avons abordée tout à l'heure ici, des services sociaux de base, quand je m'étais intéressé à la santé, à l'environnement, à l'éducation nationale, c'est parce que c'est aussi la mission qui est la mienne aujourd'hui. Et c'est pour ça que quand vous regardez les rapports d'activité que nous produisons, ce n'est pas dire que le ministère a fait ça, ça, ça, mais c'est l'état de l'administration publique à l'instant T que nous publions. L'état de notre administration, comment ça fonctionne, quelles sont les faiblesses, quelles sont... Voilà. C'est ce que je voulais ajouter pour répondre aux questions de notre ami Ndeke Luka. Je vous le remercie.

La Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour la République Centrafricaine et Cheffe de la MINUSCA, Mme Valentine Rugwabiza

Je vous remercie infiniment. Moi je vais vous dire, ce n'est pas à moi de vous dire au revoir, ce sera à Florence, mais je voulais vous remercier infiniment, M. le Ministre, y compris d'avoir éclairci la position du Gouvernement face à la question de Radio Ndeke Luka, que vous seul aviez autorité ici d'éclaircir et d'élaborer. Simplement, vous rappelez, il faut toujours donner une chance, toujours donner une chance à la paix quand il y a, c'est une posture, c'est une posture importante politique de responsabilité, il faut toujours donner une chance à la paix. Certainement, nous aurons l'occasion d'avoir un certain nombre de séances de sensibilisation au courant de ce même mois. Ce mois, le 21 septembre marque aussi la célébration de la journée internationale de la paix. Et donc avec tout ce qui est en train de se passer aujourd'hui en Centrafrique, je pense qu'en réalité, nous avons plus que matière à pouvoir discuter, entendre, et le rôle de tous, y compris le rôle des médias, qui est essentiel en matière de culture de la paix, de promotion de la culture de la paix.

Enfin, vous savez aussi qu'il y a la Commission Vérité Réconciliation, qui est en train d'être complètement réhabilitée. Vérité, Réconciliation et Justice. Et je pense qu'il est clair aussi que nous attendons énormément de cette commission, que nous soutenons la mise en place de la nouvelle commission, un facteur important à la paix, il s'agit, d’un facteur important à la paix, il s'agit également de la vérité. Il faut savoir la vérité et justice, mais vérité, qu'est-ce qui s'est passé exactement, et donner la voix aux victimes, donner la voie aux victimes pour se faire. Donc il n'y a pas de contradiction, mais au-delà de tout ça, je voudrais peut-être terminer en disant, travaillons tous dans nos capacités respectives pour faire avancer la paix.

Vous avez certainement beaucoup plus dans cette entreprise que moi, malgré mes fonctions, malgré mes responsabilités, quand j'aurai terminé mes fonctions et mes responsabilités, je retournerai dans mon village. Je viendrai peut-être vous visiter de temps en temps, mais vous avez beaucoup plus à gagner de vous assurer que la paix est effectivement établie de manière durable en République centrafricaine.

Florence Marchal, Porte-parole de la MINUSCA

Je vous remercie Monsieur le ministre, je vous remercie madame la Représentante spéciale pour cet échange très riche et puis surtout pour ces mots d'espoir en fin de conférence. Je vous retrouve tous mercredi prochain.

Bonne journée à tous.