« Combattre l’idéologie génocidaire », un thème qui parle aussi à la Centrafrique

7 avr 2016

« Combattre l’idéologie génocidaire », un thème qui parle aussi à la Centrafrique

La mémoire universelle se recentre une fois encore sur l’effroyable tragédie du génocide rwandais qui fit pas moins de 800.000 morts en 1994, à la faveur de la 22eme édition de la  journée internationale de réflexion sur le génocide au Rwanda.
 
Le message du Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, à l’occasion de ce 7 avril, décrété par l’Assemblée générale des Nations Unies comme journée internationale de réflexion sur le génocide rwandais, en dit long sur la pertinence d’une telle commémoration : « Honorer les victimes du génocide, c’est aussi œuvrer en faveur de la justice et amener les responsables à répondre de leurs actes. »
 
La communauté rwandaise en Centrafrique a organisé en cette occasion une cérémonie ce 7 avril 2016 à Bangui, à la Base du contingent militaire rwandais œuvrant au sein de la Force de la Mission Multidimensionnelle intégrée pour la Stabilisation en Centrafrique (MINUSCA), en présence du Chef de cabinet de la MINUSCA, Aliou Sène, et de représentants du gouvernement centrafricain. Dépôt de gerbes en mémoire des suppliciés et allumage d’un flambeau de l’espoir ont été les actes marquants d’une célébration forte en émotions qui sera reprise au quartier général de la MINUSCA, dans l’après-midi. Là,  prières de l’imam Babacar Diop et de l’abbé Albert Tougoumade-Baba pour le repos de l’âme des nombreuses victimes, puis la minute de silence règlementaire… Guy saizonou de la Section des  Affaires Civiles de la MINUSCA, parlant en tant qu’ami du Rwanda, saluera le chemin courageusement parcouru par les Rwanda et son peuple entre « le chaos et la rédemption », et se réjouira des résultats salvateurs d’un leadership clairvoyant au lendemain de la tragédie.
La commémoration d’une journée sur le génocide n’est pas sans parler à la Centrafrique qui s’extirpe peu ou prou d’un conflit qui aura duré trois ans et où, l’idéologie génocidaire n’a pas manqué d’alimenter les discours confessionnels, communautaires et même médiatiques avec leurs corollaires sanglants. Le message du Secrétaire général est plus qu’interpelant à cet égard : « Le génocide n’est pas un évènement ponctuel : c’est un processus qui se déroule dans le temps et qui se prépare… » Puis il y stigmatise « la propagation dans le débat public et dans les medias de propos haineux  visant tel ou tel groupe de population. »
 
C’est aussi ce que voudra dire à la cérémonie de l’après-midi du 7 avril, le Directeur de cabinet de la MINUSCA, Aliou Sène, en évoquant « le rôle des politiques et des medias dans le retour à la paix en Centrafrique » ; dans une Centrafrique où il aura fallu l’intervention de nombreux partenaires dont les Nations Unies pour circonscrire ce qui pouvait devenir des « crimes de masses », sous l’impulsion de ces mêmes medias et de ces mêmes politiques. Le représentant de la Communauté rwandaise en Centrafrique, Aimable Mpore, soulignant aussi l’influence des medias et des leaders d’opinion sur le cours des évènements, dira : « Au Rwanda, la radio mille collines a fait fonctionner les machettes »… et d’ajouter : «  L’amour est plus fort que la haine… pendant 35 ans des régimes successifs ont enseigné la haine et cela n’a apporté que désolation… »
 
Le thème de cette journée internationale pour son édition 2016 est bien celui-ci : «  Combattre l’idéologie génocidaire » afin que plus jamais cela ne se répète nulle part dans le monde ; en clair, combattre les mécanismes et les rhétoriques diverses par lesquelles l’industrie de la haine se met progressivement en place et fait… 800.000 morts.