Lorsqu’elle inspecte les rangs de ses hommes,  107 hommes et 17 femmes, tous les jours aux aurores, la cheffe de l’Unité de Police Constituée (UPC) de la République démocratique du Congo (RDC) de la MINUSCA, le Commandant Lyly Longo Lenge, ne tolère aucun écart. Son credo : « à la place qu’il faut, au moment où il le faut » est respecté à la lettre par ses éléments qui la surnomment affectueusement « Thatcher ».

Chargée de la sécurisation des troisième et cinquième arrondissements de Bangui, des zones identifiées parmi les plus dangereuses pour leur haut degré d’insécurité, l’UPC de la RDC, sous l’autorité du Commandant Longo Lenge a, entre autres, la responsabilité de la surveillance de l’Assemblée nationale, du quartier général de la MINUSCA, ainsi que des bases des Nations unies. « Dans le cadre de la sécurisation, nous faisons des interpellations, des opérations ciblées par le biais de patrouilles conjointes MINUSCA-police nationale motorisées et pédestres, et des check-points inopinés pour rassurer les populations du retour progressif de la sécurité dans leurs zones de résidence » abandonnées au plus fort de la crise, explique-t-elle. Ces activités formelles s’accompagnent d’actions de proximité, destinées à instaurer de nouveau un climat de confiance et amener les Centrafricains à s’accepter mutuellement. Il s’agit dans la majorité des cas d’opérations de sensibilisation.

Seule femme à diriger une unité de police de la MINUSCA (depuis septembre 2014), Lyly Longo Lenge est une habituée des « premières places ». En effet, sa passion pour le maintien de l’ordre héritée d’un grand-père ex-militaire de l’armée congolaise, a vite fait d’elle la première femme de sa famille à embrasser une carrière dans la police, en 1997. Trois ans plus tard, en 2000, elle est la première femme à diriger le département des Relations publiques, Protocole et social de la Police d’Intervention Rapide de son pays. De 2006 à 2010, elle est promue chef de département adjoint au budget et aux finances, avant d’être nommée Commandant en second du 4e bataillon charge de l’administration et de la logistique. Et trois ans plus tard, en 2013, l’Etat congolais lui témoigne sa confiance en l’envoyant en mission dans le cadre de la Force Multinationale d'Afrique Centrale (FOMAC), puis de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (MISCA).

«Pour atteindre le niveau auquel je suis aujourd’hui arrivée, j’ai dû faire preuve de discipline et de rigueur », se remémore fièrement cette originaire de la province du Katanga (RDC), mariée depuis 14 ans a un capitaine de la police congolaise et mère de deux enfants, pour qui être femme ne constitue nullement un obstacle à l’épanouissement professionnel et personnel. « Le secret réside dans la capacité que vous aurez à communiquer avec vos relations quelles qu’elles soient », confie-elle, indiquant que les valeurs de dignité, travail, générosité et patience sont le socle sur lequel reposent ses convictions.

De sa mission en Centrafrique, le Commandant Longo Lenge n’a pas connu que des jours heureux. Le 21 janvier 2014, par exemple, figure parmi les plus sombres de son mandat à la tête de l’UPC de la RDC : « lors de la garde statique du site de déplacés de Saint Jean Bosco Galabadja, raconte-t-elle, un inconnu a lancé une grenade dans la cour de l’église, à l’endroit même où le sous-lieutenant Makenda Nunes, un de nos chefs de section briefait ses éléments. Ce dernier est décédé à la suite de l’explosion, et quatre autres policiers ont été grièvement blessés ». Une autre fois, un Centrafricain de confession musulmane a été malencontreusement pris à partie par des habitants furieux suite à une rumeur.

Mais ces genres d’incidents, courants dans une Mission de maintien de paix, doivent être considérés comme des occasions pour raviver la détermination de la MINUSCA à aider à la restauration de la Paix en Centrafrique, martèle le Commandant Longo Lenge. « Ce n’est pas aisé, mais tellement passionnant ! »