Des impacts positifs du pré-DDR dans la Nana Nambere

1 sept 2016

Des impacts positifs du pré-DDR dans la Nana Nambere

Au bord de la route nationale bitumée qui traverse la ville de Bouar (Est), précisément au quartier Gombou, un jeune ex-combattant, Serge Lionel Namdaga, tient son petit commerce. Sur l’étale, des bonbons, des cigarettes, du café, du thé, du sucre, entre autres marchandises dont le Centrafricain moyen a besoin au quotidien. Soutenu par son épouse qui également vend des denrées de première nécessité, Serge Namdanga, engagé dans le pré-DDR depuis le 8 décembre 2015, allie activités de Cash for Work -mis en œuvre dans le cadre du programme pré-DDR de la MINUSCA- et petit commerce.  

« J’ai débuté mon commerce avec un capital de 70 000 francs CFA. Un fonds que j’ai pu épargner grâce aux revenus tirés du pré-DDR. Je me suis d’abord rendu à Garoua Boulai (Cameroun) pour m’approvisionner en marchandises ; puis, j’ai confectionné ma petite table pour y exposer mes articles. En huit mois, j’ai réussi à faire des bénéfices considérables qui m’ont permis de développer mes activités. Actuellement, j’ai acheté une moto taxi à 480 000 francs CFA que j’ai mis en circulation pour le transport urbain», dit-il. 

Le jeune commerçant projette d’agrandir son commerce en se procurant un kiosque : « je pourrai mieux sécuriser mon investissement et gagner plus. MINUSCA DDR m’a tracé le chemin de la réussite. De toute manière, Programme DDRR ou pas, je vais continuer mes activités. Je ne vais plus reprendre les armes. Maintenant, j’ai une autre perception de la vie ».

Sur un autre axe routier, au quartier Mossoro, Célestin Kakaboy, père de quatre enfants, tient sa fabrique de briques. Un savoir-faire qu’il a acquis dans le cadre des activités du Cash for Work. 

Grâce au Kelimba, (tontine organisée par les combattants à l’occasion du paiement de leurs salaires), les ex-combattants de Bouar ont pu mobiliser assez de fonds pour se lancer dans des activités génératrices de revenus ou réaliser des projets personnels. C’est le cas de Patrick Boutele-Zemba, un des coordonnateurs des Anti Balaka de la Nana Nambere. Depuis qu’il a accepté de déposer les armes et d’intégrer le pré-DDR, sa vie a complétement changé.  Il dit être devenu un « entrepreneur et un modèle de réussite sociale ». Il possède désormais une vaste concession et s’est investi dans l’élevage et l’agriculture.

A Saint Laurent, derrière le séminaire catholique qui abrite la radio communautaire Siriri FM (paix en Sango), se crée un nouveau quartier. C’est là que Léa Beatrice SOU, 26 ans, a érigé son habitation.  Sur un terrain qu’elle a acheté, grâce au programme pré-DDR, à 80 000 francs CFA et sur lequel elle a construit un petit bâtiment qui abrite sa famille.

Ex-combattante Anti Balaka, Anicia Koninga, 23 ans, l’est aussi. Avec l’argent du pré-DDR, mis à profit dans un projet lucratif,  cette désormais superviseure d’une des activités de Cash For Work de Bouar a déjà acheté les matériaux dont elle a besoin pour construire sa maison au quartier Cote 45. 

Des exemples parmi tant d’autres qui en disent long sur les retombées positives de ce programme sur le quotidien des bénéficiaires et des communautés.

Selon le maire de Bouar, Lazare Nambena, les Travaux à Haute Intensité de main d’œuvre mis en œuvre par la MINUSCA dans sa ville sont visibles. Il ajoute : « à cause de la guerre, ces jeunes étaient belliqueux, nerveux et violents. Mais grâce au pré-DDR et aux activités de sensibilisation qu’ils reçoivent régulièrement, leur attitude vis-à-vis des populations a changé. Ils ont retrouvé leur sérénité.». 

A Baoro, à 60 kilomètres de Bouar, sur la route de Berberati, le sous-préfet de la ville, Paul Shaba Bagaza Yadere, salue ce programme et exprime un sentiment de satisfaction à l’endroit des ex-combattants qui ont accepté de déposer les armes et contribuer au retour à la paix : «le premier bénéfice pour moi, c’est la paix. Le deuxième, c’est encore la paix. C’est pour vous dire comment le pré-DDR a beaucoup contribué au retour à la paix dans notre sous-préfecture. Sans la paix rien ne peut se faire. Et la paix est revenue à Baoro. Nous saluons l’accompagnement de ces jeunes ex-combattants par la MINUSCA ». 

Et de poursuivre : « actuellement, les rues sont propres. J’en ai profité pour visiter le bâtiment de la Jeunesse Pionnière Nationale (JPN) qu’ils ont réhabilité. J’ai été tellement impressionné par leur ingéniosité et leur dévouement que j’ai décidé de convoquer dans les prochains jours un comité sous préfectoral ici, à Baoro, pour réfléchir sur des projets de grande envergure que nous soumettrons à la MINUSCA dans le cadre des activités de Cash for Work ».