Fin des élections de sortie de crise en Centrafrique

27 déc 2016

Fin des élections de sortie de crise en Centrafrique

La proclamation par le président de la Cour Constitutionnelle de transition (CCT) des derniers résultats des législatives partielles dans la circonscription de Bimbo 1, a mis fin, le 27 décembre 2016,  au processus électoral de sortie de crise en République centrafricaine démarré avec le référendum constitutionnel le 13 décembre 2015.

En effet, le 1er tour des élections couplées présidentielle et législatives, tant attendu par la population centrafricaine pour la fin de la transition, va être organisé par l’Autorité Nationale des Élections (ANE) le 30 décembre 2015 avec le soutien de ses partenaires techniques et financiers de la communauté internationale notamment l’Assistance électorale intégrée des Nations Unies. Ces élections vont se dérouler dans l’ensemble du territoire dans un environnement sécuritaire volatile mais acceptable avec des conséquences différentes d’un scrutin à un autre.

Ainsi, des problèmes logistiques liés à l’arrivée tardive des matériels électoraux sensibles des élections législatives notamment et à des erreurs sur certains bulletins de vote vont perturber le scrutin législatif dans la plupart des circonscriptions électorales du pays. Suite à  la proclamation des résultats provisoires par l’ANE des élections législatives, la CCT enregistrera plusieurs requêtes pour divers motifs. Elle décidera, après examen, d’annuler l’ensemble des opérations électorales du scrutin législatif sur toute l’étendue du territoire. (Décision N0 004/16/CCT du 25 janvier 2016)

Par contre, l’élection présidentielle n’est pas affectée par les problèmes liés au scrutin législatif bien qu’elle se soit tenue le même jour. Cependant, après la proclamation des résultats provisoires par l’ANE, des recours seront déposés au greffe de la CCT pour contester le déroulement du scrutin dans certains endroits du territoire et réclamer l’annulation de quelques résultats. Cette fois-ci, la  CCT validera les résultats de l’ANE et ordonnera un second tour pour départager les deux candidats arrivés en tête. (Décision N0 003/16/CCT du 25 janvier 2016). Aussi, l’ANE a organisé le second tour de l’élection présidentielle et de la reprise du 1er tour des élections législatives le 14 février 2016.

Les  élections de sortie ont débuté avec le référendum du 13 décembre 2015, suivi du 1er tour des élections couplées présidentielle et législatives du 30 décembre 2015. La Cour constitutionnelle de Transition (CCT) avait annulé le 1er tour des élections législatives tout en validant celui de l’élection présidentielle. Suite à des recours en annulations auprès de la CCT, les élections législatives ont connu plusieurs reports pour aboutir au second tour du scrutin, le 4 décembre 2016, dans la circonscription de Bimbo 1. 

Évoquant le processus électoral et probablement la fin de mission de la CCT, Zacharie Ndouba, président de la CCT, a fait mention « d’une étape importante dans le processus de sortie de crise » et surtout d’un « jalon pour une nouvelle ère de démocratie pour la Centrafrique ». Désormais, l’ordre constitutionnel est rétabli dans le pays par la tenue de ces différents scrutins qui ont permis l’élection d’un Président de la République légitime et la mise en place d’une Assemblée Nationale. La dernière décision  de la CCT du 27 décembre 2016 déclarant élu député M. SAMBA MOKAMANEDE Ghislain de la circonscription électorale de Bimbo 1, complète le nombre des députés (140) devant siéger à l’Assemblée Nationale.

La fin des élections de sortie de crise en décembre 2016 s’explique par la volonté de se conformer aux décisions rendues par la CCT. En effet, les annulations prononcées par la CCT ont obligé l’ANE à organiser des élections législatives partielles le 15 mai, 26 juin, 23 octobre et 4 décembre 2016 dans les différentes circonscriptions électorales concernées.

Ravi de ce processus qui vient de s’achever, le président de la Commission des Operations électorales de l’ANE, Richard Gueret-Gbagba, attribue à cette réussite une « prise de conscience nationale mais surtout par la volonté politique des autorités de la Transition et du soutien indéfectible de la communauté internationale ». Pour lui, en effet, tous les acteurs se sont impliqués dans la mise en œuvre de ce processus et surtout ont préservé ces acquis pour les élections futures. « Il est important pour nous de continuer sur cette voie et surtout de mettre à profit les contributions multiformes de nos partenaires pour sortir définitivement notre pays de l’ornière », affirme-t-il.

En revanche, la fin des élections de sortie de crise n’est pas synonyme de fin du processus électoral car il y a plusieurs phases dans un tel processus (phase préélectorale, électorale et post-électorale) comme le souligne Nasser Eddine Said Ali, Officier électoral de la MINUSCA. Aujourd’hui, la Centrafrique est donc dans la phase post-électorale où des évaluations du processus passé sont menées dans tous ses aspects (cadre légal, opérations électorales, sensibilisation, éducation civique et communication, financement, etc…) en vue de tirer des leçons pour améliorer l’organisation des prochaines joutes électorales. À cet égard, l’ANE a organisé en fin septembre 2016 un atelier d’évaluation générale du processus électoral de 2015-2016 avec l’ensemble des acteurs nationaux et internationaux. Il en est ressorti un ensemble de recommandations adressées à l’ANE, au Gouvernement et à la communauté internationale. Une journée de plaidoyer s’en est suivie pour les présenter officiellement au Gouvernement et à la communauté internationale le 7 octobre dernier.

L’achèvement du processus électoral de sortie de crise a ainsi doté le pays des institutions légitimes et surtout permis à l’ANE d’acquérir une vaste  expérience d’organisation des élections en RCA.