L’IRAD, une ONG locale au service de l’Education aux risques des mines

9 avr 2016

L’IRAD, une ONG locale au service de l’Education aux risques des mines

Depuis la récente crise militaro-politique qui a secoué la République centrafricaine en 2013, des quantités considérables d’armes de munitions obsolètes, restes explosifs de guerre (REG) et munitions de petit calibre circulent sur toute l’étendue du territoire, ainsi qu’une présence de quantités importantes de munitions dans des infrastructures de stockage inappropriées au sein de la capitale Bangui et dans des provinces. En réponse à ce phénomène qui induit des risques sécuritaires et humanitaires certains, les initiatives locales sont peu nombreuses. Une seule, l’Initiatives pour la Recherche d’Actions et de Développement (IRAD), une ONG centrafricaine, a décidé depuis 2014 de mener le combat de l’information et de l’éducation des populations civiles.Zoom.
 
L’IRAD a vu le jour en 2003. C’est après la crise survenue fin 2013 qu’elle décide de s’attaquer, au mois d’avril 2014, à la lutte antimines, à travers le Projet d’éducation aux risques des mines, en partenariat avec le gouvernement centrafricain, la Fondation suisse de déminage (FSD) et le Service  de l’Action antimines des Nations Unies (UNMAS). Sa mission : œuvrer à l’éradication des restes d’explosifs et munitions obsolètes ou de petits calibres en circulation illégale.
 
« L’issue de plusieurs enquêtes et études menées dans le cadre des actions de développement nous a permis de comprendre l’enjeu des mines après la crise militaro politique de 2013. Des lors, nous avons décidé de mener le combat de l’information des populations et de leur éducation aux risques liés aux mines et engins explosifs », explique l’inspecteur contrôle qualité et chef du projet d’éducation aux risques des mines pour le compte de l’organisation, Anicet Gbongou.
En effet, après la crise, ces engins qui étaient censés être gardés dans des casernes militaires se sont vus disséminer au sein de la population civile, abandonnés ou dissimulés par des groupes armés. Lesdits groupes s’étaient, pour la plupart installés soit dans des écoles, des édifices publics ou autres espaces communs. Après leur départ, les populations ont commencé à entrer en contact avec ces engins, très souvent de façon accidentelle. Ainsi, les statistiques indiquent que 90% des victimes des engins explosifs sont des enfants qui s’en servent pour s’amuser avec sans avoir aucune idée de ce que représentent ces objets. Même qu’à une certaine période, se rappelle encore l’expert, « ces objets étaient mis à la vente, à un prix vil (250 FCFA la grenade) dans toute la ville de Bangui ».
 
La situation est similaire à l’intérieur du pays, avec des pics dans les préfectures de la Nana Grébizi (Kaga Bandoro), la Ouaka (Bambari) et la Nana Mambéré (Bouar) où séjournent d’importantes bandes armées. C’est la raison pour laquelle l’IRAD a décidé d’y déployer des représentations, en vue de porter encore plus loin son message. «Nous avons en tout six équipes composées chacune de trois personnes. Une équipe dans chaque ville sus citée et trois équipes à Bangui », indique M. Gbongou. Un effectif total de 18 personnes, dont cinq femmes.
 
Dans ses efforts de ramener la sérénité auprès des populations civiles par la dépollution de leur environnement, l’IRAD travaille en étroite collaboration aussi bien avec le ministère de la Défense qu’avec ceux de l’Education et de la Jeunesse, qui apportent un soutien considérable aux actions de sensibilisation dans les milieux les plus fréquentés par les enfants et les jeunes (écoles, espaces de jeux, foyers de jeunes, etc.). Les enfants étant, comme dit auparavant, les plus grandes victimes des accidents causés par les engins explosifs, avec 90% de cas.
Le principal partenaire technique et financier de l’IRAD demeure, cependant, le Service  de l’Action antimines des Nations Unies (UNMAS) qui travaille au développement des capacités de l'ONG pour la mise sur pied de  campagnes de sensibilisation à travers le pays. « Des sessions de formation sont offertes aux membres de l'ONG afin qu’ils soient capables de les répliquer tant avec d’autres partenaires locaux qu’internationaux », fait savoir le chargé de programme UNMAS, Jad Fahd.
 
L’IRAD prend également une part active aux séances de dépollution organisées environ deux fois par semaine par UNMAS dans les communautés pour neutraliser des engins explosifs trouvés. « A date, UNMAS  a détruit plus de 700 engins explosifs et 75 tonnes d’explosifs commerciaux à proximité d’un camp MINUSCA à Birao. Aussi, 192.186 bénéficiaires ont été sensibilisés sur les dangers des explosifs à Bangui, Bouar, Kaga Bandoro et Bambari », avec la participation de l’IRAD, ajoute M. Fahd.
 
Bien d’autres aspects, à côté de la prise en charge des victimes,  qui constitue l’un des cinq piliers de la lutte antimines, méritent d’être pris à bras le corps par des ONG locales avec l’appui des partenaires, selon Anicet Gbongou. «Dans le cadre du projet en cours, nous avons démarré, en janvier 2015, une opération d’identification et d’enregistrement des victimes qui s’achèvera au mois de juin 2016 », dit-il.
En effet, avec l’appui de l’UNMAS, une collaboration avec des organisations médicales qui sont principalement responsables dans la prise en charge des victimes (MSF, CICR, Emergency) a été mise en place, ainsi que le développement d’un système de référencement et de suivi afin de recueillir les données également. « UNMAS prévoit compléter le tout par une étude pour voir s'il existe un besoin d'instaurer un projet d'assistance aux victimes des armes, munitions obsolètes, restes d’explosifs de guerre et munitions de petits calibres dans le pays », fait savoir le chargé de programme, Jad Fahd.
Beaucoup a été fait, mais le défi reste immense, vu l’ampleur de la situation, selon le chef du projet d’éducation aux risques des mines pour le compte de l’IRAD, qui, au nom de son organisation, lance un appel à tous les Centrafricains, car « l’importance de la tâche requiert que plusieurs structures s’intéressent à la lutte contre la prolifération des restes explosifs et autres munitions.»