La protection des civils au cœur de la visite du Commandant de la Force à Paoua

19 jan 2016

La protection des civils au cœur de la visite du Commandant de la Force à Paoua

Paoua, une des villes de la préfecture de l’Ouham-Pendé, au nord-ouest de la Centrafrique, fait face, à l’instar d’autres régions du pays, à des défis sécuritaires, particulièrement au niveau des axes Paoua-Cameroun et Paoua Bangui. C’est donc pour mieux percevoir cette réalité que le Commandant de la Force de la MINUSCA, le Général Balla Keita, a visité cette ville, le 14 janvier 2016. 
Sur place, il a échangé non seulement  avec les personnels de la Mission et des agences des Nations Unies, mais surtout avec des organisations non gouvernementales (ONG), des représentants de l’administration locale et de différentes confessions religieuses, lesquels ont évoqué une situation précaire, notamment sur les deux axes desservant la ville : axe Paoua-Cameroun et axe Paoua Bangui. Selon eux, en effet, des bandits armés y mènent souvent des actions de braquage, ce qui a pour conséquence de ralentir le mouvement des véhicules commerciaux, occasionnant ainsi la hausse des prix des produits de première nécessité. 
L’assassinat, en fin décembre 2015, d’un jeune motard par des bandits armés a eu pour effet des actes de représailles des parents et proches de la victime, lesquels ont incendié, au début de janvier,  le village du présumé meurtrier, accusant ses habitants de complicité. Pour se mettre à l’abri, ces derniers ont dû trouver refuge dans des localités riveraines, ce qui a rendu difficile toute assistance humanitaire à leur bénéfice. A cette situation déjà précaire se sont ajoutées les tensions entre groupes armés rivaux, exacerbées par les enjeux électoraux. Résultat : des fréquents conflits ouverts entre ces groupes se sont multipliés dans la zone.
Pour protéger la population, la Force de la MINUSCA a renforcé sa présence et multiplié les patrouilles, notamment dans les endroits jugés sensibles. Des actions qui, de l’avis de certaines organisations non gouvernementales, sont loin d’être suffisantes : « quand les bandits armés voient passer les véhicules militaires, ils se dissimulent au sein de la population locale, attendant  qu’ils s’éloignent pour reprendre leurs forfaits », confie un membre de l’ONG Conseil Danois pour les Réfugiés (DRC). Par peur de représailles, la population évite de dénoncer les malfaiteurs, ce qui a pour conséquence de rendre plus ardu la neutralisation de ces bandits armés.
Rappelant qu’il est impossible aux casques bleus d’être partout et en même temps, le Général Keita a néanmoins réitéré à ses interlocuteurs l’importance pour la Mission de protéger la population civile, conformément à son mandat. Et d’encourager la mise sur pied d’un centre opérationnel conjoint qui servira de cadre de réflexion sur les stratégies de coordonner les efforts. 
La visite du Commandant de la Force à Paoua a aussi été l’occasion d’attirer une fois de plus l’attention des casques bleus sur l’extrême nécessite de respecter les standards de l’ONU dans la réalisation de leur mandat. La récurrence des cas d’exploitations et abus sexuels impliquant certains casques bleus, a-t-il souligné, a pour corolaire d’entacher le travail louable de la MINUSCA toute entière au profit de la population centrafricaine. Le Général Keita a aussi annoncé la création d’une d’Unité de prévention de ces cas, avant d’exhorter tous et chacun, spécialement les ONG et les leaders religieux, à alerter les chefs militaires sur des cas suspects.