Une caravane pour la paix en RCA

18 jan 2016

Une caravane pour la paix en RCA

« Brisons les chaines de la peur pour bâtir la paix en Centrafrique ! » C’est en arborant ce slogan que la « Caravane pour la reconstruction et la paix en Centrafrique », initiée par le Ministère centrafricain de la réconciliation nationale, avec le concours du Conseil National de la Jeunesse, l’Union des musiciens de Centrafrique et l’appui déterminant de la MINUSCA, s’est élancée, ce 18 janvier 2015,  sur les artères principales de Bangui, en l’occurrence celles qui ont cristallisé, au plus fort des conflits, la violence des groupes armés.
Une caravane faite de plusieurs taxis occupés par des passagers vêtus de t-shirts à l’effigie du drapeau centrafricain et de celui des Nations Unies ; de camions porteurs de jeunes animateurs, de musiciens qui, au son d’une musique tonitruante, disaient leur joie de célébrer la journée des martyrs avec une dimension plus élargie vers la paix et la réconciliation après trois années d’une crise politico-ethno-confessionnelle, rythmée par des affrontements d’une rare violence. Parade, musique et danses.
Du PK0 au stade 20.000 Places, en passant par l’Avenue Baganda, le marché Sango, l’Avenue David Dacko, l’école préfectorale de Bimbo et le PK 5, la caravane s’est mise à l’épreuve de la foule de curieux, enthousiaste et  festive, visiblement satisfaite de cette initiative.
A l’école préfectorale de Bimbo, la caravane marque une pause  pour écouter un message du Représentant du Conseil National de la jeunesse de Bimbo, partie prenante à cette organisation.  Son représentant, Arnold Zemoniako, saluera « la prise de conscience de la jeunesse de Bangui pour la paix », une jeunesse qui a compris qu’il s’agit d’un passage obligé pour la reconstruction de la Centrafrique. Il remerciera l’engagement de la MINUSCA dans cette direction et lui exprimera, au nom de la jeunesse, sa gratitude.
Il reviendra à Madame le Maire de Bimbo, Jeannette Peya, de dire les mots de conclusion de cette première étape : « ma joie est grande ; la population centrafricaine a trop souffert tout le long de son histoire ; il est bien qu’une journée des martyrs vienne honorer la mémoire de ceux qui sont morts et ouvre une nouvelle page pour la paix. ». 
Le cortège passe par le PK 5 avec ses marchés détruits et ses habitats calcinés puis s’ébranle vers le stade 20.000 places de Bangui où une foule plus nombreuse, faite d’élèves, d’étudiants, de jeunes travailleurs et de citoyens de toutes origines, attend la caravane qui leur apporte le message de paix tant souhaité.  Sur l’estrade officielle érigée pour la circonstance attendent quelques officiels, autour de la Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général des Nations Unies, Mme Diane Corner : le Représentant du Secrétaire général de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale,  Adolphe Nahayo, l’Ambassadeur de France, Charles Malinas, le ministre de l’éducation nationale, Bernard Simiti, représentant la Cheffe de l’Etat de Transition, Mme Catherine Samba-Panza.
« C 'est un privilège pour moi de participer au lancement de cette caravane dont le thème, la paix, constitue le fondement du mandat de la MINUSCA", dira Mme Diane Corner, avant de souligner que c'est "une occasion pour la jeunesse de s'engager davantage dans l’unification de la paix". Et de rappeler la permanence de l’assistance des Nations Unies aux côtés de la jeunesse centrafricaine dans son idéal de recherche de cohésion sociale.
L’Hymne des Martyrs saluera cette étape, et le Président du comité d’organisation de cette journée des martyrs dira, après avoir souhaité la bienvenue aux officiels, sa gratitude à la MINUSCA, soulignant que « les martyrs ne sont pas seulement ceux qui sont tombés le 18 janvier 1979,  mais aussi ceux qui sont morts ces dernières années par la faute des groupes armés et ceux qui meurent tous les jours du fait de la misère ». Il souhaitera que cette caravane soit réellement celle de la paix, surtout pour la « jeunesse sacrifiée de Centrafrique » qui attend beaucoup des nouveaux dirigeants qui sortiront des urnes.
Dépôt de gerbes au Monument aux Morts du Carrefour des Martyrs et lectures de poèmes incitant à la paix et à la réconciliation viendront clore cette matinée.
Il est important de souligner que la journée des Martyrs fait référence au massacre de nombreux étudiants et élèves, perpétré le 18 janvier 1979 par le régime de  l’Empereur Bokassa, suite à une manifestation estudiantine à Bangui. Et la Caravane de la paix vient mettre en exergue cette journée qui n’avait pas pu être célébrée ces trois dernières années du fait de la crise.
Mais l’initiative de cette caravane est née du contexte de crise et de violences qui a rendu impossible toute communication entre les communautés et les groupes en affrontement ces dernières années,  et qui a sensiblement affecté le tissu social en Centrafrique. Aussi ses objectifs visent-t-ils à : « Amener les jeunes et la population en général à bien comprendre les avantages de la diversité et de la coexistence pacifique ; Sensibiliser les jeunes à intégrer les valeurs de respect et de tolérance dans leurs relations communautaires ; Encourager les jeunes et la population en général à briser la peur afin de désapprouver les violences intra et intercommunautaires ; et Amener les citoyens à mieux cerner le mandat de la MINUSCA  et le sens de son action dans ses objectifs de stabilisation en Centrafrique ».