La RCA et les 16 jours d’activisme contre la violence basée sur le genre

16 déc 2020

La RCA et les 16 jours d’activisme contre la violence basée sur le genre

Biliaminou Alao / avec la contribution de Laure-Stella Omiss

Dans le cadre de la campagne des 16 jours d'activisme menée à l’échelle mondiale contre la violence basée sur le genre (VBG) organisée du 25 novembre au 10 décembre 2020, plusieurs activités ont été organisées à Bangui, Obo, Bria, Ndele et d’autres préfectures de la RCA, pour échanger sur les réalités que vivent les femmes dans leur localité et les efforts, y compris la contribution des hommes, pour améliorer ces conditions.

A Bangui, plusieurs ateliers ont été organisés dans les communes et arrondissements pour réfléchir sur des stratégies visant à impliquer les hommes dans la lutte contre les Violences faites aux femmes et aux filles.

C’est ainsi qu’en partenariat avec la Direction Générale de la Promotion du Genre (DGPG), la MINUSCA a organisé une formation des artistes, à l’issue de laquelle une chanson ainsi que trois sketchs produits sur les thématiques ‘’harcèlement sexuel’’, ‘’scolarisation des filles’’ et ‘’violences domestiques’’. Ces supports ont contribué à la campagne médiatique menée à travers plus d'une dizaine de radios aussi bien à Bangui que dans les préfectures.

Les artistes formés ont animé neuf jours de caravane de sensibilisation avec l’implication des hommes dans la lutte contre les VBG, notamment les violences domestiques, facteur de sous-développement dans les communautés de Bangui et sa périphérie.

Autre activité, celle ayant ciblé 500 leaders communautaires hommes et femmes à travers des ateliers de réflexion sur les stratégies à mettre en place pour impliquer les hommes dans la lutte contre les VBG. Il est établi que les situations néfastes que vivent les femmes ont des répercussions sur la nation. En effet, les 70% de femmes analphabètes impactent la population en général ; ce qui constitue un véritable problème de développement et doit être traité comme tel. Les ateliers ont aussi été l’occasion de présenter les sanctions prévues par la loi à l’encontre des auteurs des VBG, afin de décourager tout contrevenant.

Il ressort de ces réflexions que les leaders sont engagés à créer, au sein de leurs communautés et associations, des relais des messages de sensibilisation et aussi à la dénonciation de ces cas généralement dissimulés par les familles elles même. Pour le chef du quartier Liton à Begoua ‘’il y a un travail à faire sur les femmes pour résoudre la question des VBG. En effet, nous sommes tous sensibilisés et respectons les consignes, mais les femmes ne veulent pas aller au bout de leurs plaintes lorsque nous transférons les cas aux autorités ou à l’Unité Mixte d'Intervention Rapide et de Répression des violences sexuelles faites aux femmes et aux enfants (UMIRR). Elles sont les premières à nous décourager dans ce combat pour soutenir leurs maris bourreaux. Que devons-nous alors faire ?’’

Parmi les personnes sensibilisées figurent aussi 20 leaders des personnes vivant avec handicap, qui se sont vu rappeler leurs droits et exhorter à soutenir les plus vulnérables d’entre eux à faire face aux différentes violences auxquelles ils sont régulièrement exposés, forts de la connaissance des textes de lois assurant leur protection. Les échanges ont également porté sur l’accès à l’emploi, accès au crédit, scolarisation (le cursus étant limité pour les sourds et muets à l’école primaire), mais aussi l’absence de services sociaux de base spécifiques à leur situation et de dispositions pratiques leur permettant d’avoir accès aux services administratifs, etc. autant de préoccupations qui feront certainement l’objet d’un plaidoyer auprès des plus hautes instances afin d’espérer l'amélioration de leur situation.

Dans le 3ème arrondissement de Bangui, 40 leaders y compris ceux de Kokoro Boeing dans la commune de Bimbo 3, ont aussi réfléchi et débattu sur les violences domestiques. En effet, les pratiques d’excision et les mariages précoces sont des pratiques courantes dans ces zones. C’est pourquoi le maire du 3e arrondissement s'est engagé en ces termes « je continuerai de me battre corps et âme contre l’excision et les mariages d’enfants dans ma communauté, et je prends l’engagement de dénoncer auprès des forces de l’ordre quiconque continue de s’y adonner… ».

 

A Bria, l’exemple d’une jeune femme de 28 ans mariée de force à 17 ans et mère de 7 enfants interpelle plus d’un lors de la conférence-débat qui a réuni des 24 participantes, le 9 décembre 2020, dans la salle de réunion de l’Association des Femmes de Centrafrique (OFCA). Aïcha, pour préserver son anonymat, illustre parfaitement l’essence de cette campagne car, seule, elle résume la réalité de beaucoup de femmes de la Haute Kotto. « Je suis née en 1992, mariée [de force par ses parents] à 17 ans et j’ai sept enfants », dit en Sango la jeune femme le visage à moitié masqué pour respecter les mesures contre le COVID-19, visiblement fatiguée avec une nouvelle grossesse. Pour Aïcha, comme pour les autres cas similaires, ce moment est unique. Et cette opportunité, il faut absolument la saisir.

A OBO, « l’analphabétisme, le manque de ressources financières, l’insécurité, les croyances et les préjugés constituent les principaux facteurs de blocage de l’épanouissement des femmes et des filles de OBO…., » a déclaré Monsieur Takouale Ambroise professeur d’histoire Géographie au lycée de OBO, lors d’un atelier ayant réuni 20 participants autour du thème : « L’Implication des hommes dans la lutte contre les Violences basées sur le genre et les violences faites aux femmes liées aux élections ».

A Ndele, dans la préfecture de Bamingui-Bangoran, un Atelier a été aussi été organisé à l’intention des chefs de quartiers, villages et leaders communautaires sur les causes et les conséquences des VBG afin de les prévenir et les combattre, notamment en cette période électorale. Les participants ont principalement abordé le thème : « Reconstruire en mieux-Défendons les droits de l’homme » pour dire que, le bien-être de l’humanité ne peut se faire que par le respect des droits de l’homme.

Les 22 participants, dont deux femmes, à cet atelier ont pris l’engagement de veiller à ce que toutes les femmes soient libres d’aller élire les candidats de leur choix et que les hommes empêchant les femmes d’aller voter soient traduits en justice.

Toutes ces activités et bien d’autres encore qui ont mobilisé à travers la RCA des organisations nationales et internationales et divers partenaires pour faire écho des actions et messages autour de ce mal dont sont l’objet les femmes. Comme chaque année, l’édition 2020 de cette campagne s’est achevée le 10 décembre, Journée des droits de l’homme célébrée sur le thème « Reconstruire en mieux – Défendons les droits de l’homme ».

 

 

A4P