Le Représentant spécial du Secrétaire général pour l'Afrique centrale visite Bambari

10 sept 2015

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour l'Afrique centrale visite Bambari

Ce jeudi 10 septembre 2015, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour l'Afrique centrale, Abdoulaye Batilly, en visite en République centrafricaine, du 8 au 11 septembre 2015, s’est rendu dans la sous-préfecture de Bambari, dans la préfecture de la Ouaka. C’est de par sa position de vice-médiateur international dans la crise centrafricaine que M. Batilly est allé consulter les  différents protagonistes de la crise à Bambari. Il était accompagné par la directrice des Affaires politiques de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), Mme Barrie Freeman.

La visite d’Abdoulaye Batilly à Bambari intervient au moment où la situation sécuritaire s’y est dégradée depuis le jeudi 20 août 2015, avec l’assassinat d’un taxi-motard musulman, suivi des représailles et d’affrontement entre ex-Seleka, auxquels se sont joints des habitants de  confession musulmane, et anti-balaka. Ces problèmes ont mobilisé le Gouvernement de Transition et des partenaires internationaux, dont la MINUSCA, en vue de l’apaisement. Une commission de pacification composée de 25 membres a d’ailleurs été mise sur pied à cet effet.

Sur place, Abdoulaye Batilly s’est entretenu avec différents acteurs, dont le Chef de l’Union pour la Paix en Centrafrique (UPC), le Général Ali Mahamat Darassa, le Chef des Anti- Balaka a Bambari, le Général Gaëtan Boade ; ainsi qu’avec le Maire de la ville de Bambari, Abel Matchipata et le sous- préfet de Bambari, Maurice FO.

L’objectif de la visite était de demander aux différents protagonistes de mettre en application ce dont ils ont convenu avec le Secrétaire général adjoint des Nations Unies chargé des opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, qui a visité la sous-préfecture de Bambari, le dimanche 6 septembre 2015. M. Ladsous leur a demandé de cesser la guerre au profit de la paix dans cette région meurtrie par plusieurs années de guerre.

Lors des échanges avec le Général Ali Mahamat Darassa et le Général Gaëtan Boade, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour l'Afrique centrale est revenu sur la situation sécuritaire, les élections, le programme Démobilisation, Désarmement et Réintégration (DDR), entre autres. Il a fait savoir que « le monde entier s’est engagé à la recherche de la paix en République centrafricaine, raison pour laquelle il est temps d’arrêter la guerre et de construire le pays. » Pour Batilly, les différences religieuses ne devraient pas créer des problèmes, car « le Coran et la Bible enseignent l’amour, le vivre-ensemble et la cohabitation sociale. » Par conséquent, souligne-t-il, chrétiens et musulmans doivent pratiquer leur religion en toute liberté, chacun ayant des droits et devoirs en tant que citoyens centrafricains. M. Batilly a surtout conseillé aux  deux chefs (Anti-Balaka et UPC) de tout faire pour réconcilier leurs membres au profit de la paix à Bambari. 

Abdoulaye Batilly a aussi demandé la cessation des combats afin que leurs partisans respectifs puissent  participer aux élections de 2015, car « sans élections on est dans le provisoire, et les institutions ne sont pas crédibles ». Et de faire valoir que  le respect des engagements  pris en mai 2015 lors de la signature des accords de cessez- le feu est nécessaire, car « les jeunes ont besoin de grandir dans une atmosphère de paix. »

Concernant le DDR, Abdoulaye Batilly a fait savoir que « certains pays hésitent à donner de l’argent lorsqu’il y a un ou des groupes qui combattent toujours. » Mais, a-t-il ajouté, il est prévu d’abord le pré-DDR pour permettre aux jeunes de concevoir et de réaliser certains projets. Le Représentant spécial du secrétaire général a demandé à tous ses interlocuteurs de continuer à collaborer avec la MINUSCA, dans le sens de la résolution de tous les problèmes.

Aux Maire et sous-préfet de Bambari, M. Batilly a précisé que réconcilier les différents groupes sociaux n’est pas facile, mais qu’il faut continuer pour que le processus électoral puisse être mené à bon port. « Il faut surtout isoler les ennemis de la paix et travailler avec les citoyens de tous bords afin de ramener la paix, car les citoyens ont tant souffert », a-t-il recommandé avant de conclure que la République et l’administration appartiennent à tous les Centrafricains.

Prenant la parole, le Général Ali Mahamat Darassa a affirmé que la paix n’a pas de prix. « Après la signature des accords de cessez-le feu, nous avons montré notre bonne foi parce que nous respectons la communauté internationale, mais les Anti- Balaka nous provoquent toujours », s’est-il plaint.  L’UPC, selon lui, n’a jamais organisé des missions pour aller tuer qui que ce soit, mais ses  hommes « se sont toujours défendus pour se protéger et protéger la population. » Il a enfin demandé que son mouvement soit intégré dans le comité de suivi de la mise en œuvre des recommandations du Forum de Bangui et dans celui du DDR.

Le Général Gaëtan Boade a, quant à lui, demandé la prise en charge des anciens combattants Anti-Balaka pour qu’ils ne soient pas tentés par le banditisme pour leur survie.  Il est aussi conscient que les élections sont nécessaires pour que la Centrafrique soit dotée d’institutions crédibles. Aussi s’est-il engagé à ce que ses combattants ne perturbent pas les consultations.

Les deux chefs de faction, UPC et Anti- Balaka à Bambari, ont demandé avec insistance la mise en place du programme DDR pour la prise en compte complète de leurs combattants et la réintégration de certains dans les forces de défense et de sécurité centrafricaine.

Il convient de rappeler que le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour l'Afrique centrale, Abdoulaye Bathily, a été le président du présidium du Forum national de Bangui tenu dans la capitale centrafricaine  du 4 au 11 mai 2015,  avec pour objectif de créer la dynamique nécessaire à l’aboutissement du processus de paix et de réconciliation nationale en République centrafricaine.