Libération à Dekoa de 121 enfants enrôlés par les anti Balaka

28 déc 2016

Libération à Dekoa de 121 enfants enrôlés par les anti Balaka

Dorothée n’a que 16 ans, mais elle a déjà un enfant de 9 mois, conçu avec un des éléments du groupe armée anti Balaka de Dekoa (Centre, préfecture de la Kemo). Elle aurait dû être actuellement à l’école secondaire pour réaliser son rêve de poursuivre ses études jusqu’à l’université afin d’obtenir un diplôme lui permettant de travailler. Malheureusement pour elle, la crise qui secoue la République centrafricaine ne l’a pas épargnée. Il y a près de trois ans, en effet, face à l’insécurité grandissante, Dorothée avait trouvé refuge chez les anti Balaka qui promettaient de la protéger. Elle n’avait pas encore 14 ans. La jeune fille à peine pubère est devenue, par la suite, cuisinière du groupe et concubine d’un des éléments de la milice, qui l’a mise enceinte. Aujourd’hui, elle veut retrouver une vie normale au sein de la société. « Je veux suivre une formation professionnelle afin de trouver du travail et m’occuper de mon enfant», dit-elle.

Moise vient juste d’avoir 18 ans. Il avait rejoint les anti Balaka au cours de la même année que Dorothée, mais pour une toute autre raison. «Je n’avais que 15 ans et j’ai assisté à l’assassinat de mon père. J’étais bouleversé et je n’avais qu’une seule envie: venger sa mort en rejoignant un groupe armé», confie-t-il. Il avoue avoir participé aux combats jusqu’en septembre dernier, mais il ne veut plus continuer ainsi. « Je veux changer de vie. C’est pourquoi j’ai repris le chemin de l’école pour poursuivre mes études», souligne le jeune homme qui rêve de devenir enseignant. A la question de savoir pourquoi un tel choix, il répond que les besoins étaient immenses dans ce domaine et qu’il voudrait contribuer à la formation de ceux qui représentent l’avenir du pays.

Ces deux jeunes font partie d’un groupe de 121 enfants qui viennent d’être libérés par les anti Balaka, suite à un long travail de plaidoyer mené par l’Unité Protection de l’Enfant de la MINUSCA, en partenariat avec l’UNICEF et l’ONG Internationale Rescue Committee (IRC). C’est la première opération de restitution d’enfants enrôlés par les groupes armés à leurs familles dans la sous-préfecture de Dekoa.

«Grâce au plaidoyer et au dialogue continu avec les groupes armés, nous avons réussi à amener les leaders anti Balaka à reconnaitre l’existence d’enfants mineurs au sein de leur groupe et à travailler avec nous pour les faire libérer», indique Aubin Endjipama, officier de Protection de l’Enfant de la MINUSCA dans la région. En effet, explique-t-il, suite au plaidoyer mené par la Mission, le groupe armé a procédé à l’identification des enfants et remis une première liste de 150 enfants à la MINUSCA. Cette dernière, en collaboration avec l’UNICEF, les leaders anti Balaka, le responsable des Affaires sociales dans la préfecture de la Kemo et les autorités locales et administratives, a procédé à la vérification de la liste d’identification. C’est après cette opération que 121 enfants, dont 97 garçons et 24 filles, ont pu être confirmés comme étant associés au groupe anti Balaka. La cérémonie officielle de séparation a eu lieu le vendredi 23 décembre 2016, à Dekoa.

Après cette étape, les acteurs humanitaires, notamment l’UNICEF et son partenaire de mise en œuvre, IRC, continueront à accompagner les enfants dans leur réinsertion socio-professionnelle au sein de leurs communautés. Les enfants désirant retourner à l’école seront appuyés dans ce sens et les autres bénéficieront de formations professionnelles adaptées aux besoins du marché local.

Pour sa part, l’Unité de Protection de l’Enfant de la MINUSCA poursuivra ses activités de plaidoyer et de dialogue pour la séparation effective de tous les enfants  associés aux groupes armés. Le coordonnateur anti Balaka à Dekoa, Ferdinand Namkoissé, a indiqué qu’une nouvelle liste est en cours de préparation. « Elle sera remise à la MINUSCA dans les prochains jours », a-t-il fait savoir. Il a également promis de continuer dans cette dynamique pour que tous les enfants qui font partie de son groupe soient libérés.

Rappelons que l’Unité Protection de l’Enfant de la MINUSCA s’assure de la mise en œuvre des différentes résolutions pertinentes du Conseil de Sécurité sur les enfants et les conflits armés. Elle veille à  ce que les questions qui touchent aux enfants affectés par le conflit reçoivent des réponses institutionnelles appropriées, conformément à son mandat.