Mieux connaitre les textes pour mieux prévenir les conflits liés à la transhumance

13 juin 2017

Mieux connaitre les textes pour mieux prévenir les conflits liés à la transhumance

Les violences liées à la transhumance font des pertes en vies humaines et des vastes étendues de champs détruits, dans la préfecture de Bamingui-Bangoran où la population vit principalement d’agriculture et d’élevage. Depuis 2016, les Comités de Gestion des Conflits Locaux (CGCL) sensibilisent éleveurs et agriculteurs à définir conjointement l’itinéraire du bétail lors de la transhumance et à éviter ainsi d’endommager les cultures.

Pour prévenir les conflits liés à cette transhumance, des reconcentres sont aussi organisées afin de mieux renseigner les populations sur textes y relatifs. C’est ainsi que du 7 au 8 juin 2017, s’est tenu à Ndele, dans le Nord-est de la Centrafrique, un atelier les dispositions légales en la matière.  Quelque 50 représentants d’éleveurs et d’agriculteurs, ainsi que des autorités locales et les leaders communautaires y ont été conviés. 

 « C’est une première dans la Préfecture de Bamingui-Bangoran, et j’en appelle à une implication de tous les participants particulièrement en ce qui concerne la prévention des conflits », s’est exprimé  le Préfet de Bamingui-Bangoran, Abdoulaye Mahamat.  « Nous avons compris non seulement la nécessité de trouver des solutions au sein de nos communautés à travers les comités de gestion des conflits locaux, mais aussi et surtout de prévenir ces conflits lorsque le bétail passe à travers les champs des agriculteurs et endommage les cultures », se réjouit Aladji Djibril, représentant de la Fédération nationale des Eleveurs centrafricains (FNEC), trouvant aussi dans cet atelier une opportunité pour renforcer la cohésion entre éleveurs et agriculteurs, mais aussi pour rappeler aux autorités le respect des textes existants.

Car, en effet, des textes existent : la loi N°65/61 règlementant l’élevage en Centrafrique existe depuis le 3 juin 1965. Plus récent encore, un accord bilatéral de coopération technique entre la RCA et le Tchad a été signé depuis le 30 octobre 2012, mais la fermeture de la frontière entre ces deux pays depuis 2015 suite au conflit politique  n’en permet pas l’application.

« La loi N°65 prévoit notamment un couloir de passage pour les bêtes, tandis que l’Accord bilatéral prévoit à chaque saison une rencontre entre les deux gouvernements pour discuter des mesures préventives », explique Victor Bead,  chargé des Affaires civiles à la MINUSCA-Ndele et facilitateur de l’atelier.

Mais face au nombre croissant d’éleveurs à l’intérieur de la Centrafrique, un seul couloir ne suffit plus, tandis que l’ampleur du problème varie d’une région à une autre, selon le degré de la présence de l’autorité de l’Etat. La Section Affaires civiles de la MINUSCA a alors mis en place un Comité de gestion de la transhumance qui prévoit notamment de plaider pour la mise à jour de la loi N°65, une des recommandations de l’atelier, mais aussi la multiplication des ateliers de prévention des conflits sur la transhumance.

Après Ndele, ce sera donc au tour de Bamingui  d’abriter un atelier similaire, où 40 autres responsables d’éleveurs et agriculteurs, de même que les  autorités locales  et les leaders communautaires seront instruits des dispositions légales réglementant la transhumance dans le pays.