Paoua : Patrouille conjointe, MINUSCA-FACA, aprèsle signalement de la présence d’un groupe armé

9 oct 2020

Paoua : Patrouille conjointe, MINUSCA-FACA, aprèsle signalement de la présence d’un groupe armé

Noam Assouline

Paoua le 22 Septembre – Il est 08h15 du matin, le commandant du bataillon camerounais des casques bleus (CMR BAT), devant une carte d’état-major, briefe les officiers et sous-officiers sur l’organisation et le déroulement de la patrouille imminente. Le bureau régional et la Force ont reçu, la veille, la confirmation de la présence du groupe armée Retour, Réclamation et Réhabilitation (3R) à Bavara dans la sous-préfecture de Paoua, situé à environ 487 km à l'extrême Nord de Bangui.

Entouré de ses hommes, le commandant rappel que le danger est double : les embuscades mais aussi l’état désastreux des routes et des ponts en cette fin de saison des pluies. La troupe quant à elle, casques vissés sur la tête, gilets pare-balles ajustés, bottes cirées chargent les véhicules avant blindés (VAB) et leurs armes ; il faut parer à toute éventualité en cas de contact. C’est un rituel de préparations des patrouilles journalières ou nocturnes, pour tous les contingents onusiens participant à l’opération militaire « A la Londo », depuis le 15 juin 2020.

La MINUSCA et les Forces armées centrafricaine (FACA), mènent conjointement avec succès une offensive contre les 3R, afin de faire respecter l’Accord de Paix et de Réconciliation en RCA (APPR-RCA) dont il est signataire. Ratifié le 6 février 2019, l'Accord politique pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine (APPR-RCA)dans son article 5.b relatif aux dispositions des arrangements sécuritaires temporaires, précise l’interdiction de tout nouveaux mouvement (Art.3 p. a et b). Début juin, c’est une violation de trop, Sidiki Abass, le chef des 3R, annonçait qu’il suspendait sa participation à l’accord. L’opération « A La Londo » est lancée. Fragilisé dans ses bases arrière, le groupe armé se retrouve à présent éparpillé, en petites groupes, dans l’ouest du territoire.

Quelques jours avant cette patrouille robuste de reconnaissance, le commandant des opérations du Bataillon Camerounais rappelait que l’opération « A La Londo », est la troisième opération de la MINUSCA, après Béranga et Bédogo. En effet la MINUSCA dans son mandat a le droit de faire usage de la force au-delà de la légitime défense  en engageant les groupes armés, organisant des patrouilles de combats, supprimant les barrières illégales pour protéger les populations civiles. L’opération a connu la perte d’un casque bleu rwandais le 13 juillet 2020 ainsi que, plutôt dans le mois, plusieurs éléments des FACA.

Cette patrouille dite « Robuste », est composé de 4 groupes de combats, divisée entre MINUSCA et FACA. Les blindés de la MINUSCA, ouvrent et ferment le convoi tandis que les pickups des FACA, embarquent des hommes lourdement armés prêt à réagir.

L’ambiance dans le VAB malgré la chaleur et les secousses est bonne, les soldats discutent, tout en portant leurs masques, en vertu des mesures barrières contre le Covid19, mais ils restent sur le qui-vive.

On retrouve le même professionnalisme chez les FACA, qui ne lâchent pas leurs AK-47 et lance-roquettes. Malgré les chahuts de la route et la poussière, deux soldats sont aux aguets pour repousser toute attaque. Ce n’est pas la première fois que FACA et casques bleus patrouillent ensemble, comme le confie un soldat centrafricain « c’est le résultat d’un an de travail ». Pendant que certains hommes fraternisent et se prennent en photo, d’autres assurent la sécurité ; A chaque arrêt les responsables de la patrouille se retrouvent et discutent de la marche des opérations ainsi que des informations recueillis au bord de la route. Au long de la piste, les populations accueillent favorablement les FACA et vont volontairement vers eux pour partager des informations sur les mouvements des 3R.

La radio grésille, les chefs restent à l’écoute des messages du bataillon bangladeshi (BAN BAT), basé à Bocaranga (situé à environ 600 km au nord-ouest de Banguiet à environ 120 km à l’ouest de Paoua) et qui a pour zone de responsabilité la moitié ouest de l’Ouham-Pendé ; mais aussi des appels de la tête du convoi afin de décrire l’état de la route et éviter que les véhicules avant blindés (VAB) ne s’embourbent. Il s’avère que cela est inévitable, le VAB de clôture s’enfonce dans un mètre de boue. Les hommes sont rodés à l’exercice, dégagent en quelques minutes le véhicule pesant plusieurs tonnes ; car il faut faire vite pour éviter d’être une cible facile. Le même sort sera réservé à l’un des véhicules des FACA et c’est dans une parfaite harmonie que les casques bleus camerounais soutiennent leurs frères d’armes.

Arrivé à quelques dizaines de kilomètre de Bavara, après plusieurs heures de route, le convoi doit rebrousser chemin :  le long pont à la hauteur du village de Nana, à 11 km de Gouzé, ne supportera pas le passage des blindés léger, et bien que les pickups des FACA pouvaient tenter la traverser, le risque est trop grand. Une équipe du contingent du génie péruvien de la MINUSCA sera dépêché ultérieurement, en collaboration avec le Ministère des Travaux Publiques centrafricains afin de faire un état des lieux et étudier la possibilité de réparer le pont et faciliter les mouvements des biens et des personnes.

En milieu d’après-midi le convoi s’engouffre dans l’artère principale d’un Paoua pacifié. Arrivé sur la place principale, il se disloque, les VAB rentrent dans la base du bureau régional de la MINUSCA, et les véhicules des FACA retournent dans leurs camps, le temps de se reposer ; demain ils repartiront ensemble en patrouille.

 

A4P