Quel état des lieux à la veille du premier tour des élections partielles ?

14 mai 2016

Quel état des lieux à la veille du premier tour des élections partielles ?

 
Le décret 16-234 du 28 avril 2016 portant convocation du corps électoral fixe le premier tour des élections législatives partielles au dimanche 15 mai 2016 dans 10 circonscriptions électorales sur le territoire centrafricain. Dans ces circonscriptions, la Cour Constitutionnelle avait invalidé les résultats du premier tour des élections législatives  du 30 décembre 2015, en fonction des nombreuses irrégularités observées dans le scrutin et des actes de vandalisme qui ont pu être relevés dans certains bureaux de vote à l’intérieur du pays.
128 députés sont déjà élus; il reste à en élire 12 pour que le chiffre de 140 soit atteint,  conformément au nombre de députés appelés à constituer le parlement centrafricain.
Dans un tour d’horizon de quelques bureaux de vote, l’on note que les problèmes de sécurité qui ont émaillé le scrutin précèdent semblent ici bien lointains. L’acheminement, à temps, du matériel électoral,  le déploiement rapide des agents électoraux, la forte sensibilisation faite au cours des séances qui y ont été consacrées et qui visaient à la mobilisation électorale,  de même que la bonne formation des agents électoraux,  augurent de bonnes consultations.
Tout le matériel électoral sensible, à savoir, bulletins de vote, enveloppes et formulaires, est déjà arrivé à Bangui depuis le 3 mai et « convoyé vers les préfectures et sous-préfectures des circonscriptions électorales où devront être reprises les consultations »,  comme le précise Nasser Eddine de la Division des Affaires électorales de la MINUSCA.  La formation des agents électoraux a, quant à elle, commencé le 10 mai comme prévu et s’achève ce vendredi 13.
Margaret Amaminyi, Coordonnatrice du Bureau Électoral Régional (BER) de Bangui1 qui couvre les circonscriptions des 3eme et 5eme arrondissements, informe que le matériel et les hommes seront  déployés dès aujourd’hui vers les Chefs-lieux des arrondissements. «Tout est fin prêt, pour que les 55 bureaux de vote des deux circonscriptions puissent être opérationnels », affirme-t-elle.
Même sentiment chez Djibo Nouhou, de la circonscription de Bimbo1 qui compte 41 bureaux de vote dont les 273 agents ont été tous formés ces derniers jours. « Le déploiement du matériel et des agents électoraux va commencer demain 14 mai, vers les centres de vote, et tout se passe pour le moment bien. » Il émettra cependant une réserve sur le taux de participation : «  La sensibilisation auprès des populations pour susciter leur intérêt pour ces élections, n’a pas été assez forte; il se pourrait qu’il en découle un faible taux de participation. »
Pour l’agent électoral Jean Yombo, « Il y a eu une bonne sensibilisation, et les populations devraient pouvoir sortir sans problème pour voter. » En effet, les questions liées à la sécurité dans ses secteurs s’apparente aujourd’hui à de mauvais souvenirs. Par ailleurs, affirme-t-il, « Nous avons été bien outillés au cours des formations que nous avons reçues et tout le matériel sera disponible dès demain».
Le climat est au même optimisme à l’intérieur du pays, comme à Bambari 2 qui couvre les circonscriptions électorales d’Ippy 1 et d’Ippy 2.  Madina Dia du BER salue le déroulement des préparatifs et l’engagement des 28 candidats repartis sur les deux circonscriptions pour la sensibilisation au vote.
Quelques irrégularités cependant
A Sibut, les membres des démembrements de l’ANE ont décidé d’arrêter leurs activités faute de rémunération, et que certains des 21 candidats en lice pour le scrutin sont en train de « désister, faute de moyens », selon Hygin Kossou du BER, qui souligne néanmoins que le processus avance normalement. « Les membres des bureaux de vote sont bien formés et il y a de fortes chances que tout se passe bien; le matériel sera déployé dès aujourd’hui… », Souligne-t-elle.
Mais pour Désirée Dimanche de l’Autorité sous-préfectorale des Élections (ASPE) de Sibut,  qui relève de l’ANE, les choses pourraient mieux se passer dans sa localité, si l’ANE avait versé les quatre mois d’arriérés d’indemnités que réclament les membres des démembrements actuellement en grève : « Ils refusent de convoyer le matériel et cela crée une situation assez sérieuse qui risque de peser sur le scrutin ici », s’inquiète-t-il.
Interpelée sur cette situation qui touche aussi d’autres circonscriptions, un des responsables de l’ANE fait valoir que « les discussions sont en cours pour régler les questions d’arriérés là où elles se posent », et rassure : « les choses sont bien lancées et les élections se passeront bien. »
Au plan de la sécurité, la Force a mis sur pieds des escortes pour l’acheminement du matériel dans les localités concernées par ces élections. A en croire le Lieutenant-Colonel  Bernard Lemaire, Chargé de la planification au sein de la Force, le plan de sécurisation se résume en trois points,  à savoir : sécurisation du transport du matériel normal et sensible; sécurisation du déroulement des élections au jour J; et sécurisation du retour du scrutin c’est-à-dire l’acheminement des procès-verbaux et des bulletins de vote. « Tel est le triptyque de notre action à ce niveau ».
Ces élections partielles, dont la première manche se déroule ce dimanche 15 mai, avec l’appui de plusieurs partenaires, dont la MINUSCA, viendront clôturer un cycle électoral qui aura difficile au plan sécuritaire et ainsi parachever un processus politique dont les moments forts ont été l’élection d’un nouveau président de la République et d’un nouveau parlement, synonymes du retour à un ordre constitutionnel.