Reportage : La MINUSCA s’associe à la CPS pour lutter contre l’impunité et mettre fin aux violations des droits de l’homme

13 fév 2022

Reportage : La MINUSCA s’associe à la CPS pour lutter contre l’impunité et mettre fin aux violations des droits de l’homme

Par Noam Assouline

De retour de Koundjili et Lemouna, le 23 janvier 2022 –

Le 21 mai 2019, Koundjili et Lemouna (Ouham Pendé), deux villages à 45 et 50 kilomètres de Paoua, furent le théâtre d’un massacre ayant causé la mort de plus de trente personnes. À la suite d’un vol de bétail, et faisant croire à une résolution pacifique du différend, le groupe armé Retour, Réclamation et Réhabilitation (3R) a demandé que les habitants se réunissent au centre des villages. Les 3R dès leur arrivé, en plein jour, ont ligoté les habitants et les ont exécutés sur place. Les localités furent ensuite pillées, les maisons brulées et de nombreuses femmes furent violées. 

Le 17 décembre 2021, la Chambre d’accusation de la Cour pénale spéciale (CPS) a tenu sa première audience publique concernant ces tueries et a renvoyé trois inculpés devant la Chambre des Assises pour le premier procès de la CPS. C’est dans ce cadre que l’Unité de communication et sensibilisation de la CPS avec l’appui de la Division de l’information stratégique et de l’information publique de la MINUSCA, a organisé une mission conjointe à Lemouna et Koundjili, sous l’escorte des Casques bleus camerounais.

Dans le cadre d’une future campagne de sensibilisation et de la diffusion en direct du procès des accusés de  crimes de guerre et crimes contre l’humanité, la CPS a voulu lors de cette mission préparatoire rencontrer des acteurs clefs de la société civile, de la presse, de la jeunesse, et se rendre sur les lieux en compagnie d’acteurs locaux comme le président sous-préfectoral de la jeunesse,  un journaliste de la radio communautaire de Paoua, et un membre du forum des droits de l’homme de la ville. Natif de Koundjili et parlant la langue, ce dernier fut un intermédiaire clef de la journée. Pour Parfait*, « revenir sur les lieux même où des membres de ma famille, des proches ont été tués ou violés, me remplit d’émotions. Mais je suis aussi ému de revenir ici avec la MINUSCA et la CPS et de véhiculer leur message, que la justice sera rendue et que les auteurs de ces crimes seront punis ».

La CPS en matière de justice transitoire est unique comme le rappelle Guylaine Vannier, chargée de mission sensibilisation pour la CPS. « Ce tribunal né dans le conflit, dans le pays du conflit, et de la volonté du peuple meurtrit, a vu le jour le 3 juin 2015, par la promulgation d’une loi nationale portant sa création, son organisation et son fonctionnement ». La CPS est soutenue entre autres par l’Union Européenne, l’Ambassade des Etats-Unis en Centrafrique, le Programme des Nations Unies pour le développement, la MINUSCA et plusieurs autres pays. C’est d’ailleurs avec l’appui de l’Union Européenne que la campagne de sensibilisation préalable à la diffusion du procès s’est effectuée à PaouaPour le chef de l’unité de communication, Gervais Bodagay « c’est important pour les victimes, mais aussi pour les autorités et les habitants de Paoua de comprendre le rôle de la CPS, son fonctionnement, mais aussi de sensibiliser la population du Lim Pendé sur le mécanisme de dépôt de plainte devant la CPS ».

Cette mission conjointe avec la CPS est aussi une mise en œuvre, en direct du mandat de la MINUSCA : l’action en faveur de la justice nationale et internationale, veiller au retour de l’état de droit, et protéger les civils.  

*afin de garder l’anonymat des victimes et proches, les noms et prénoms ont été changés

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