Évaluation ce 28 août à Bangui des progrès de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation et de la feuille de route de Luanda

28 août 2024

Évaluation ce 28 août à Bangui des progrès de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation et de la feuille de route de Luanda

Biliaminou Alao

La 8e réunion de coordination du processus de mutualisation de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation (APPR) et de la feuille de route de Luanda se tiendra le 28 août 2024 à Bangui.  L’objectif de cette rencontre est d’évaluer les progrès accomplis dans la mise en œuvre du processus et de faire le point sur la décentralisation du processus. Il faut rappeler que cet accord a été signé à Khartoum par le Gouvernement centrafricain et 14 groupes armés et paraphé à Bangui le 6 février 2019, à la suite de pourparlers menés à Khartoum du 24 janvier au 5 février 2019, sous les auspices de l’Union africaine (UA) et avec l’appui des Nations unies (ONU).

Le 23 octobre 2023 à Bangui, au cours d’une réunion de suivi des accords, le Président Faustin-Archange Touadéra a affirmé que « des avancées majeures » avaient été réalisées dans le processus politique et de pacification de la République centrafricaine (RCA), avec notamment la dissolution de neuf organisations, parmi les quatorze signataires. Pour Touadéra, ces accords demeuraient le seul cadre de dialogue possible avec les groupes armés.

Certaines initiatives acceptées par les parties prenantes

L’accord prévoit que les parties prenantes mettent en place un Mécanisme de Mise en Œuvre et de Suivi (MOS) pour assurer le suivi et l’évaluation des progrès dans l’exécution du présent Accord. Dans la même veine, un Comité de Mise en Œuvre Nationale (CMON), composé des différents départements ministériels (interministériel) et des différentes institutions républicaines (interinstitutionnel) et des groupes armés, se réunira en fonction des besoins sous la présidence de la personne désignée à cette fin par le Président de la République. 

Il est également prévu que des Comités de Mise en œuvre Préfectoraux (CMOP) soient établis au niveau des préfectures et aient une composition, des compétences, et des procédures précises.

Le Comités de mise en œuvre préfectoraux (CMOP) est établi dans un délai de sept jours après la signature de l’Accord pour en assurer le respect, faciliter l’échange d’informations et créer un environnement apaisé dans toute la préfecture.

Il est important de souligner que l’appui de la MINUSCA à ce processus de paix constitue l'une des priorités majeures de la Mission.

Un volet important de cet appui concerne les Comités de mise en œuvre préfectoraux qui sont un mécanisme essentiel pour la réalisation de l'APPR au niveau préfectoral.

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Le soutien politique, technique, financier et logistique de la MINUSCA permet aux membres de ces CMOP de se réunir et de mener des missions sur le terrain pour la prévention et la résolution des conflits. Les CMOP s'engagent activement avec les acteurs locaux pour promouvoir le dialogue intercommunal, le désarmement des groupes armés, une transhumance pacifique, et la participation inclusive de toutes les parties prenantes dans les processus politiques et électoraux.

De bonnes avancées dans les préfectures

Dans la région de l’Equateur, le CMOP a plaidé récemment avec succès pour le démantèlement de 19 points de contrôle illégaux sur les axes Berberati-Bania, Berberati-Gamboula, et Berberati-Nandobo. Cette réalisation garantit la liberté de circulation des biens et des personnes et réduit l’insécurité dans les zones concernées.

Dans les préfectures, les lignes ont également bougé avec l’organisation de plusieurs activités. À l’instar de la préfecture de la Vakaga, qui a organisé le 13 juin 2024 à Birao, en partenariat avec la MINUSCA, un atelier de présentation des activités réalisées par le Comité de mise en œuvre préfectoral (CMOP) au cours de l'année 2023-2024. Les discussions ont porté sur les réalisations de ce comité, les défis liés à la mise en œuvre de ses activités et leurs impacts sur les communautés.

Une cinquantaine de personnes, dont sept femmes, incluant des députés de la région venus de Bangui, des leaders communautaires, des jeunes, des représentants d’associations féminines et des autorités locales, ont pris part à cette rencontre. Le Président du CMOP pour l'année 2023-2024, Leonard Mbele, également maire de la Vakaga, a salué la mise en œuvre des activités qui ont permis d’engranger de nombreux acquis, notamment en termes d’amélioration de l’environnement sécuritaire dans la préfecture.

 Dans la préfecture de Bamingui-Bangoran, au nord de la République centrafricaine, une mission conjointe de la MINUSCA et du Comité de mise en œuvre préfectoral (CMOP) a été effectuée le 26 juin 2024 le long de l'axe Golongosso, couvrant les localités de Tiri, Diki et Miamani. À cette occasion, une série d'ateliers visant à promouvoir la paix, la cohésion sociale et l'autonomisation des femmes ont été organisés.

Plus de 800 personnes, dont 400 femmes, ont participé à ces ateliers dont l'objectif principal était d’échanger sur les dividendes de la paix tout en mettant un accent particulier sur l'autonomisation des femmes et les prochaines élections locales. Ces sessions ont inclus des discussions sur les défis locaux, la cohésion sociale, la prévention des discours de haine, et la résolution pacifique des conflits, ainsi que des présentations sur le mandat de la MINUSCA pour lutter contre la désinformation et la mésinformation.

Dans les préfectures de l’Ombella-M’poko et de la Lobaye, les autorités administratives ont salué l’effort de la MINUSCA pour une transhumance apaisée. En effet, le préfet de la Lobaye et la secrétaire générale de la Préfecture de l’Ombella-M’Poko ont salué l’appui de la MINUSCA dans la gestion des crises liées à la transhumance dans leurs localités : « À l’origine, la Lobaye ne connaissait pas la transhumance, car c’est une zone forestière. L’arrivée massive des éleveurs a perturbé la vie des agriculteurs. Le problème a été porté à l’intention de nos dirigeants et, avec l’appui de la MINUSCA, la situation se stabilise ».

À Bebenguere, dans la commune de Bah-Bessar, à la frontière avec le Tchad, le Comité de Mise en Œuvre Préfectoral (CMOP) de Lim-Pende, avec le soutien du bureau de la MINUSCA, a effectué le 24 juillet 2024 une mission pour vérifier la situation sécuritaire et la libre circulation des personnes et de leurs biens. À la suite de cette mission, la MINUSCA a renforcé les patrouilles de sa Force sur l’axe Paoua-Benamkor-Bebenguere et a réaffirmé son appui au Comité de Travail sur la Transhumance (CTT) pour continuer le dialogue avec les éleveurs transhumants.

En visite le 1er juillet 2023 dans la préfecture de la Kémo, la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies, Valentine Rugwabiza, a rencontré les membres du Comité de mise en œuvre préfectoral (CMOP) de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine (APPR-RCA). Il s’agissait d’une première visite du genre dans cette préfecture au cours de laquelle elle a encouragé ses membres à poursuivre leur mission et réitéré l’appui de la MINUSCA. Le porte-parole des membres du CMOP de la Kémo avait alors résumé les réalisations du CMOP : sensibilisation de la population à l’APPR et ses enjeux, gestion des conflits entre agriculteurs et éleveurs - d’où une transhumance apaisée dans la préfecture - et visites de terrain à Ndjoukou pour parler aux éléments armés afin de renoncer à la violence.

 Entente des parties sur des questions spécifiques

Les parties signataires de l’APPR soulignent l’importance capitale du Programme National de Désarmement, Réintégration et Rapatriement (PNDDRR) et de la Stratégie de sa mise en œuvre dans le processus de stabilisation de la République centrafricaine et insistent sur la nécessité d’assurer une gestion rigoureuse et transparente de ce programme à travers une communication régulière et publique de son exécution.

Tout en rejetant toute idée d’impunité et en reconnaissant le principe de la présomption d’innocence, elles reconnaissent les conséquences douloureuses et les stigmates des crimes graves sur l’ensemble des citoyens et des communautés en République centrafricaine. Elles s’abstiennent de répéter ces crimes graves ou toute attitude et acte pouvant à nouveau les générer. Elles conviennent en outre d’accélérer la mise en place de la Commission Vérité, Justice, Réparation et Réconciliation, en vue de promouvoir la vérité, la justice, la réparation, la réconciliation nationale et le pardon.

Les parties conviennent aussi de la mise en place d’un système de gestion efficace et équitable de la transhumance, pour en faire une activité sécurisée et pacifiée, essentielle au développement économique harmonieux des éleveurs et des agriculteurs, basé sur un schéma directeur national et des schémas locaux, qui seront développés en concertation avec les communautés concernées.

Rappelons que les signataires de l’APPR-RCA sont le Gouvernement et les groupes armés. Les garants sont l’Union africaine (UA) et la Communauté économique des États d’Afrique centrale (CEAC). Les facilitateurs sont l’ONU et huit pays de la sous-région

SSR
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